L’opposition libérale ainsi que des organisations de défense des droits des femmes ont contesté la décision du Tribunal constitutionnel polonais jeudi de proscrire l’IVG en cas de malformation grave du fœtus.
Des milliers de personnes sont descendues dans la rue vendredi soir pour manifester leur opposition face à une quasi totale interdiction de l’avortement en Pologne. Cette vaste mobilisation fait notamment suite à la décision du Tribunal constitutionnel polonais jeudi de proscrire l’IVG en cas de malformation grave du fœtus. La mesure est a priori définitive alors que l’opposition libérale ainsi que des organisations de défense des droits des femmes s’y sont opposées. "La décision d’hier, c’est l’interdiction totale de l’avortement en Pologne, car 98% des IVG légales en Pologne concernent les malformations du foetus", a déclaré Krystyna Kacpura, directrice de la Fédération pour les femmes et le planning familial. "C’est une infamie de l’Etat polonais envers la moitié de sa population, les femmes.", a-t-elle ajouté sur les propos relayés par BFMTV.
Krystyna Kacpura a surtout fait part de son inquiétude pour les femmes de modeste condition qui doivent désormais pratiquer l’avortement par des personnes non qualifiées. Selon le jugement, conforme au souhait du parti ultra-catholique au pouvoir PiS, le droit à l’avortement est uniquement limité aux cas de danger de mort pour la femme enceinte. Il est également autorisé dans le cas de grossesses résultant d’un viol ou d’un inceste. La présidence polonaise et l’épiscopat de Pologne ont exprimé leur "satisfaction" après le jugement prononcé par le Tribunal constitutionnel.
La législation sur l’avortement en Pologne, pays considéré comme profondément ancré dans la tradition catholique, figure parmi les plus restrictives de l’UE. Selon les données officielles, près de 1 100 cas d’IVG ont été recensés dans le pays en 2019, dont la quasi totalité était autorisée à cause d’une malformation irréversible du foetus. De leur côté, les ONG estiment que près de 200 000 avortements sont pratiqués clandestinement en Pologne ou dans des cliniques étrangères.
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