Les associations européennes de consommateurs lancent une offensive contre les pratiques commerciales de certaines compagnies aériennes, qu’elles accusent de proposer des compensations inefficaces pour la pollution générée par le transport aérien.
Vingt-deux associations européennes déposeront une plainte auprès de la Commission européenne ce jeudi 22 juin contre dix-sept compagnies aériennes, parmi lesquelles Air France. Elles accusent ces compagnies de se livrer au "greenwashing" et à des "pratiques commerciales trompeuses".
Deux organisations françaises, l’UFC-Que Choisir et l’association nationale de défense des consommateurs et usagers (CLCV), se joignent à cette démarche. Les dix-sept compagnies aériennes visées sont Air Baltic, Air Dolomiti, Air France, Austrian, Brussels Airlines, Eurowings, Finnair, KLM, Lufthansa, Norwegian, Ryanair, SAS, SWISS, TAP, Volotea, Vueling et Wizz Air.
Ces vingt-deux associations, membres du Bureau Européen des Unions de Consommateurs (BEUC), reprochent aux compagnies aériennes visées de "laisser entendre que le transport aérien peut être ’durable’, ’écoresponsable’ et ’vert’", indiquent la CLCV et l’UFC-Que Choisir dans un communiqué commun.
Elles soulignent que "aucune des stratégies mises en œuvre par le secteur de l’aviation n’est actuellement en mesure de réduire les émissions de gaz à effet de serre". Les associations estiment donc "essentiel de mettre un terme à ces allégations, car si le trafic aérien continue de croître, les émissions continueront d’augmenter dans les années à venir".
Deux pratiques commerciales sont particulièrement visées pour leur caractère trompeur. La première consiste à inciter les voyageurs à payer un supplément significatif pour compenser les émissions de CO2 d’un vol. Les associations dénoncent un mécanisme aux "avantages climatiques très critiqués, alors que les dommages causés par les émissions de CO2 des trajets aériens sont indiscutables".
La deuxième pratique mise en cause est d’encourager les consommateurs à contribuer au développement des carburants d’aviation durables (SAF), alors que ces derniers ne sont pas encore prêts à être commercialisés et ne représenteront qu’une part marginale dans les réservoirs des avions.
"Les compagnies aériennes ne peuvent pas se targuer de contribuer à la protection du climat", déclare Marie-Amandine Stévenin, présidente de l’UFC-Que Choisir. Son homologue à la CLCV, Jean Yves Mano, appelle les pouvoirs publics à "agir avec fermeté" et affirme que "ces allégations doivent cesser pour la protection des consommateurs".
Les vingt-deux associations européennes ont déjà saisi les autorités nationales de protection des consommateurs et déposent également une plainte auprès de la Commission européenne, via le mécanisme d’alerte externe du BEUC, pour "pratiques commerciales trompeuses".
Elles espèrent obtenir une décision commune pour interdire "toute allégation visant à faire croire aux consommateurs que prendre l’avion est respectueux de l’environnement", ainsi qu’une enquête européenne sur les pratiques de ces compagnies et le remboursement des consommateurs ayant souscrit aux options supplémentaires incriminées.