Lundi 30 septembre, un documentaire, diffusé par la BBC, a révélé des propos glaçants des présumés assassins du journaliste Jamal Khashoggi.
Un an après la mort du journaliste saoudien, Jamal Khashoggi, dans l’enceinte du consulat d’Istanbul, l’enquête continue. D’autres éléments sordides ont été révélés dans un documentaire intitulé "Les enregistrements du meurtre de Khashoggi". Lundi 30 septembre, la BBC les a diffusés dans l’émission ’Panorama’. La journaliste Jane Corbin a parlé avec des témoins qui ont pu écouter les enregistrements, fournis par les autorités turques. Selon les informations de BFMTV, ils ont rapporté les discussions glaçantes entre les présumés assassins.
Pendant 6 mois, Agnès Callamard, experte des droits de l’homme et rapporteure spéciale de l’ONU sur les exécutions extrajudiciaires, a enquêté sur l’assassinat de Jamal Khashoggi. Pour l’avancée des investigations, la Turquie avait remis à l’ONU un enregistrement de 45 minutes. D’après son rapport, cette experte tient pour responsable l’Arabie Saoudite, notamment, le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane. Ainsi, elle a demandé à Antonio Guterres, secrétaire général des Nations unies, l’ouverture d’une enquête pénale internationale.
Helena Kennedy, une avocate britannique, a également participé à l’enquête de l’ONU. Elle a écouté les bandes dans lesquelles le journaliste a été qualifié d’ "animal destiné au sacrifice" par ses assassins présumés. Avant l’arrivée de la victime au consulat, ils ont plaisanté en disant que même un boucher ne découpe pas de la viande sur le sol, a-t-elle relaté. "Ils se demandaient ’si le corps et les hanches rentraient dans un sac de cette façon’", a-t-elle poursuivi à la BBC.
En évoquant les détails de ce meurtre sordide, Helena Kennedy a évoqué les propos du médecin légiste soupçonné d’avoir découpé le corps en morceaux. Selon elle, ce dernier a confié qu’il écoute souvent de la musique quand il découpe des cadavres. Parfois avec un café et un cigare à la main.
"Il dit : ’C’est la première fois de ma vie que je dois découper des morceaux sur le sol, même un boucher qui veut découper un animal le suspend’", a-t-elle continué en précisant que dans ces enregistrements, "vous les entendez rire, c’est glaçant".
Le 2 octobre 2018, Jamal Khashoggi s’était rendu à l’ambassade pour obtenir des papiers afin d’épouser sa fiancée turque. Dans ces enregistrements, "vous entendez le journaliste passer du sentiment de confiance à la peur, puis l’angoisse croissante, la terreur et enfin la réalisation que quelque chose de fatal va se produire", a confié Helena Kennedy.
C’est également l’avis de l’experte Agnes Callamard. Elle a raconté que le journaliste a demandé à ses bourreaux : "Vous allez me faire une piqûre ?", ce à quoi les assassins répondent "oui". Elle a expliqué que ce qu’on entend après laisse penser qu’il est étouffé, sans doute avec un sac en plastique sur la tête. Elle a ajouté que peu de temps après, quelqu’un a annoncé que "c’est un chien, mettez ça sur sa tête, enveloppez-là". On ne peut que comprendre qu’ils ont coupé sa tête", a-t-elle conclu durant l’émission ’Panorama’ à la BBC.
Après le meurtre de Jamal Khashoggi, 15 agents saoudiens auraient été impliqués. Très critiqué, l’homme fort saoudien, Mohammed ben Salmane, a démenti toute responsabilité dans cette affaire. Pour sauver son image totalement ternie, le royaume saoudien a arrêté et traduit en justice 11 suspects.
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