Mstyslav Chernov et Evgeniy Maloletka étaient les derniers journalistes travaillant pour un média étranger encore présents à Marioupol, la ville du sud-est de l’Ukraine. Découvrez la façon dont ils ont fui la ville assiégée.
Plus de 80% des infrastructures de la ville de Marioupol dans le sud-est de l’Ukraine ont été endommagées ou détruites après les frappes russes. Face aux menaces des troupes russes, de nombreux journalistes travaillant pour un média étranger ont fui la ville. Mstyslav Chernov et Evgeniy Maloletka étaient les derniers encore présents dans la ville dévastée. "Les Russes nous traquaient. Ils avaient une liste de noms, dont les nôtres, et ils se rapprochaient.", a raconté le journaliste travaillant pour l’agence américaine Associated Press avant leur fuite de la ville.
Au cours d’un reportage à l’intérieur de l’hôpital de Marioupol, des hommes armés ont rôdé dans les couloirs. Les chirurgiens les ont alors donnés des blouses blanches à porter comme camouflage. "Soudain, à l’aube, une dizaine de soldats ont fait irruption : ’Où sont les journalistes, putain ?’", a relaté Mstyslav Chernov sur les propos repris par Franceinfo. Le journaliste a également rapporté les propos d’un policier de Marioupol, confirmant ces menaces russes : "S’ils vous attrapent, ils vous filmeront et ils vous feront dire que tout ce que vous avez filmé est un mensonge", a confié l’agent aux reporters.
Les reporters d’Associated Press ont quitté la ville le 15 mars après leur arrivée dans le port le 224 février, la veille des débuts des frappes russes en Ukraine. Durant ces trois semaines, ils ont vu des morts à l’hôpital, des cadavres dans les rues et des dizaines de corps poussés dans une fosse commune. "J’ai tellement vu la mort que je filmais presque sans en prendre conscience", a déploré Mstyslav Chernov. Il a également raconté la scène effroyable lors du bombardement d’une maternité, le 9 mars. "Lorsque nous sommes arrivés, les secouristes étaient encore en train de sortir des ruines des femmes enceintes ensanglantées.", a-t-il relaté.
Mstyslav Chernov a dénoncé l’absence d’information qui a entraîné la panique et le chaos. "En l’absence d’informations provenant d’une ville, d’images de bâtiments démolis et d’enfants mourants, les forces russes pouvaient faire ce qu’elles voulaient.", a expliqué le journaliste. "C’est pourquoi nous avons pris de tels risques, pour pouvoir envoyer au monde ce que nous avons vu, et c’est ce qui a mis la Russie suffisamment en colère pour nous traquer.", a-t-il ajouté.
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