D’après un rapport de l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne, près de la moitié des musulmans dans 13 pays ont affirmé avoir été victimes de discrimination au cours des cinq dernières années.
En Europe, près de la moitié des musulmans déclarent avoir été victimes de discriminations racistes, selon un rapport publié par l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne. Plus précisément, 47 % des musulmans interrogés dans 13 pays disent avoir subi des actes de discrimination au cours des cinq dernières années. La FRA note une hausse significative par rapport aux 39 % observés en 2016. Les nations où ce phénomène est le plus préoccupant incluent l’Autriche, l’Allemagne et la Finlande, avec des taux alarmants de 71 %, 68 % et 63 % respectivement. En France, la situation reste dans la moyenne européenne, avec 39 % des musulmans signalant des expériences de racisme. Il est cependant important de noter que cette réalité ne touche pas tous les groupes de manière égale. Les personnes originaires d’Afrique subsaharienne, les jeunes musulmans nés en Europe, ainsi que les femmes qui portent des vêtements religieux, sont particulièrement exposées.
D’après le rapport relayé par plusieurs médias, dont France Info, "les musulmans sont le plus souvent victimes de discrimination dans leur recherche d’emploi (39 %) ou sur leur lieu de travail (35 %)". Il s’avère que 41 % des musulmans sont "surqualifiés pour leur emploi", un taux qui est significativement plus élevé que celui de la population générale (22 %) au sein de l’Union européenne. La situation est encore plus sévère pour les femmes portant des vêtements religieux. Environ 41 % d’entre elles font face à des discriminations dans leur recherche d’emploi, comparé à 31 % de celles qui n’en portent pas. "Ce chiffre monte à 58 % pour les jeunes femmes (16-24 ans) portant des vêtements religieux". Au-delà de l’emploi, la discrimination s’étend également à l’accès au logement. Un tiers des musulmans interrogés (35 %) affirment avoir eu des difficultés à louer ou acheter un logement en raison de leur origine, une hausse significative par rapport à 22 % en 2016.
Les contrôles d’identité basés sur l’apparence restent préoccupants pour de nombreux musulmans en Europe. Selon le rapport, 27 % des personnes musulmanes interrogées affirment avoir été contrôlées par la police au cours des cinq dernières années. Parmi celles qui ont subi un contrôle, 42 % estiment que celui-ci était lié à leur origine ethnique ou à leur statut d’immigré. En France, cela touche 25 % des répondants. Ce chiffre est particulièrement alarmant chez les individus d’origine subsaharienne, où le taux atteint 57 %, contre 41 % pour ceux issus d’Afrique du Nord. La discrimination n’affecte pas seulement la dignité des individus, mais a aussi des répercussions graves sur leur vie quotidienne. Près d’un tiers des musulmans cherchant un logement disent avoir des difficultés à trouver un endroit adapté à leur famille à cause du racisme. Sur le plan de la santé, le rapport révèle qu’ils sont "deux fois plus susceptibles" de ne pas recevoir les soins médicaux nécessaires.
Cette situation soulève des questions fondamentales sur l’inclusivité et l’égalité au sein de nos sociétés. Les effets de la discrimination dépassent le cadre statistique. Ils engendrent des blessures profondes dans la vie des individus concernés, affectant leur bien-être et leur intégration dans la communauté. Pour y remédier, l’Agence des droits fondamentaux appelle l’Union européenne et les États membres à concentrer leurs efforts sur le racisme anti-musulmans. Elle souligne la nécessité de collecter des données sur tous les types de discrimination afin d’optimiser l’élaboration des politiques. Une application rigoureuse des lois anti-discrimination est également essentielle. Le rapport exhorte les gouvernements à éliminer les pratiques institutionnelles discriminatoires, notamment les contrôles d’identité au faciès qui sont jugés illégaux. "Au lieu de semer la division dans nos sociétés, nous devons veiller à ce que chacun dans l’UE se sente en sécurité, inclus et respecté, quelles que soient sa couleur de peau, son origine ou sa religion", selon Sirpa Rautio, porte-parole de l’agence.