Bien que l’application affirme ne pas encourager l’automutilation ni le suicide, la justice du pays a décidé d’ouvrir une enquête sur cette affaire.
Début d’octobre, Eranda Kumnova-Baci, inspectrice scolaire à Gjakova, au Kosovo, découvre qu’une vingtaine d’adolescentes se sont volontairement infligé des coupures, influencées par un défi TikTok. "Une mère m’a appelé pour me dire que sa fille, une élève de cinquième, s’était auto-mutilée avec ses amies en participant à un challenge TikTok", raconte la dame. Elle a immédiatement demandé à tous les enseignants, responsables pédagogiques et psychologues scolaires d’enquêter. Ils ont découvert 22 cas d’automutilation en quelques semaines, certains remontant à janvier.
TikTok, avec ses 1,5 milliard d’utilisateurs, est l’un des réseaux sociaux les plus populaires au monde. Une part de son succès repose sur des "challenges", des campagnes où les utilisateurs créent des vidéos en imitant un geste ou une action. Selon la mère d’une des victimes, des enfants dès l’âge de 9 ans auraient participé au défi après avoir vu des vidéos sur TikTok. "C’est comme un jeu pour les filles de 9 à 17 ans, qui reproduisent ce qu’elles voient sur TikTok", explique-t-elle sous les initiales E.Z. "C’est devenu mon pire cauchemar", confie cette mère, dont la fille a photographié chacune de ses blessures. Comme les autres parents, elle préfère garder l’anonymat. Les autorités locales ont aussi interdit de révéler l’identité des victimes, toutes étant mineures.
Des experts alertent depuis des années sur les dangers que représentent ces plateformes pour les adolescents : addictions, harcèlement en ligne et impact sur l’estime de soi. En 2023, le médecin-chef des États-Unis, Vivek Murthy, avait demandé au gouvernement d’agir pour protéger les jeunes sur les réseaux sociaux.
Pour contrer ce phénomène, la communauté éducative a lancé des initiatives afin de sensibiliser les élèves aux dangers des réseaux sociaux. Selon Mirevete Aziri, psychologue, ces comportements d’automutilation résultent d’un accès non contrôlé aux réseaux sociaux, même à l’école ou en famille.
La justice kosovare a ouvert une enquête, a confirmé Drin Domi, porte-parole du procureur, à l’AFP. Il a indiqué que la police était autorisée à prendre toutes les mesures nécessaires pour faire la lumière sur ce dossier.
Source : Lefigaro.fr