Le porte-parole du chef du gouvernement italien Giuseppe Conte a menacé dans un enregistrement plusieurs fonctionnaires des finances dans le cas où ils empêchent la réalisation des engagements électoraux. La parution de cette bande a suscité l’embarras du gouvernement populiste.
Deux journalistes du Huffington Post, édition italienne, ont diffusé dimanche un enregistrement du porte-parole de Giuseppe Conte, Rocco Casalino. Ce dernier a annoncé une énorme vengeance à l’encontre des fonctionnaires des finances s’ils bloquent l’argent destiné au revenu de citoyenneté. "L’année 2019 sera consacrée à éliminer une marée de membres du ministère des Finances, ce sera à couteaux tirés", a-t-il déclaré.
Ce proche du Mouvement 5 Etoiles (M5S, populiste) a dénoncé une "violation de la confidentialité" de la part des deux journalistes. Selon lui, il s’agirait d’une conversation privée. Jusqu’à dimanche, l’influence et le pouvoir de Rocco Casalino étaient minimisés par l’exécutif italien. Le quotidien italien Corriere della Sera l’a même décrit comme "les yeux et les oreilles du M5S" dans le bureau du Premier ministre italien.
Le projet de loi de finances qui sera présenté d’ici quelques jours ne cesse pas de faire débat dans la coalition gouvernementale, rassemblant la Ligue (extrême droite) et le M5S, surtout à la suite de la diffusion de cet enregistrement du porte-parole de Giuseppe Conte.
En effet, le budget sur le revenu de citoyenneté atteint les 10 milliards d’euros, selon le M5S. Il est automatiquement devenu l’un des points de crispation en raison de son coût conséquent, alors que l’Italie est le second pays le plus endetté de l’Union européenne, après la Grèce.
Si le revenu de citoyenneté était l’une des promesses électorales du M5S, le ministre de l’Économie Giovanni Tria a indiqué qu’il ne veut pas dépasser le déficit 1,6% du PIB l’an prochain. "Il n’y aura pas de financement des mesures promises par la Ligue et le M5S si elles génèrent un déficit supérieur", a-t-il insisté.
Cette position de Giovanni Tria pourrait compromettre les promesses de la coalition gouvernementale. Elle a également suscité l’irritation du ministre du Développement économique et chef de file du M5S, Luigi Di Maio.
Du côté de la Ligue, son chef de file et ministre de l’Intérieur Matteo Salvini a appelé à ce que les cordons de la bourse soient desserrés. Il a plaidé pour une loi de finances expansive, courageuse et source de croissance.
L’affaire de l’enregistrement a été une opportunité pour faire réagir l’opposition de gauche. Ce dernier a demandé la démission immédiate de Rocco Casalino.
L’ancien chef du gouvernement Paolo Gentiloni a même estimé sur son compte Twitter que le porte-parole du Premier ministre italien n’était plus compatible avec sa fonction.
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(Sources : Le Figaro/La Croix)