Le ministère de l’Intérieur, dirigé par Matteo Salvini, a ordonné le transfert de migrants accueillis dans le village de Riace. Cette décision a suscité une colère importante.
Domenico Lucano, le maire de Riace, une commune dans la région de Calabre (Italie), avait mis en place ces dernières années une politique d’accueil de réfugiés pour tenter de faire revivre son village, comptant moins de 2 000 habitants.
Mais, Matteo Salvini voudrait faire de Riace un exemple de leur "guerre contre le business de l’immigration", en voulant regrouper les demandeurs d’asile dans des centres d’accueil plus grands. De ce fait, il a ordonné le transfert de migrants, qui devrait commencer la semaine prochaine, selon le ministère chargé d’enquêter sur des "irrégularités évidentes" dans le système d’accueil des migrants depuis 2016. Les médias italiens affirment qu’environ 200 personnes seraient concernées par cette évacuation.
Cette décision du ministre intervient quelques jours après l’arrestation de Domenico Lucano. Ce dernier est soupçonné d’aide à l’immigration clandestine et d’irrégularités dans l’octroi des financements pour le ramassage des ordures de son village.
Selon les médias italiens, des sources au ministère seraient revenues sur le principe des transferts forcés. Elles auraient affirmé l’évacuation des migrants à condition qu’ils soient "volontaires". Ceux qui choisiront de rester ne pourront plus en revanche profiter du système d’accueil.
Cette idée a provoqué une importante indignation. Enrico Letta, l’ancien Premier ministre de l’Italie a réagi dans un tweet : "Honte. Ce n’est pas l’Italie".
L’ancienne présidente du parlement Laura Boldrini a indiqué : "Les priorités de Salvini en Calabre sont d’envoyer ailleurs les familles et les enfants et de démanteler un modèle d’intégration qui a fonctionné et qui est reconnu partout dans le monde".
Luigi de Magistris, l’ancien maire de Naples qui a été procureur en Calabre durant neuf ans a prévenu de son côté : "Si Lucano est [considéré comme] le danger en Calabre, ça veut dire que la mafia est en train de gagner". Il a ajouté que Riace devrait devenir "un bastion de la résistance", si le gouvernement choisit de "déporter les victimes fragiles et persécutées de régimes d’oppresseurs dans le monde".
(Source : France Info / Le Monde)