Un récent sondage réalisé en octobre 2022 a révélé que la majorité des Polonais (70 %) souhaitent une légalisation de l’avortement jusqu’à douze semaines de grossesse. Ce chiffre a augmenté de 17% par rapport à 2019.
La Pologne est l’un des pays où la loi contre l’interruption volontaire de la grossesse (IVG) est la plus stricte. Depuis l’arrêt du Tribunal constitutionnel polonais datant du 27 janvier 2021, l’IVG est strictement interdite dans le pays sauf en cas de viol, d’inceste et de mise en danger de la santé de la mère. Selon un article du journal Le Monde relayé par Le Point, cette nouvelle restriction a de lourdes conséquences sur la santé mentale de nombreuses femmes. Celles qui se voient refuser des IVG thérapeutiques, pourtant officiellement encore légales, en souffrent le plus.
Selon un décompte l’avocate Kamila Ferenc, directrice adjointe de la Fondation polonaise pour les femmes et pour la planification familiale (Federa), au moins trois femmes sont décédées depuis janvier 2021 des suites d’un refus d’une IVG. Parmi elles figure Izabela. La trentenaire, mère de famille, est morte à l’hôpital en septembre 2021 en raison d’un choc septique. Les soignants n’ont pas voulu pratiquer l’intervention, car le cœur du fœtus battait encore. L’avocate a toutefois rappelé que la loi autorise l’interruption de grossesse en cas de danger pour la vie de la mère. Cependant, "certains médecins ne se fient pas au texte de loi, mais à ce que le gouvernement pense de la loi", déplore-t-elle.
La nouvelle restriction sur l’IVG entraîne également des effets psychologiques saisissants sur les femmes en Pologne, a noté la Federa. Depuis deux ans, Aleksandra Krasowska, psychiatre membre de la fondation, a constaté une hausse du nombre de "femmes qui se sentent abandonnées et souffrent de symptômes d’anxiété, de dépression, de troubles alimentaires ou du sommeil". D’autant plus qu’avec cette mesure, de nombreuses femmes ont renoncé à avoir des enfants. D’après un sondage Ipsos datant d’octobre 2022, 70 % des Polonais sont en faveur d’une légalisation de l’avortement jusqu’à douze semaines de grossesse. Une progression de 17% a été notée par rapport à un sondage de 2019, antérieur aux dernières restrictions légales.
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