Dans la soirée du jeudi 2 mai, pour la première fois depuis le lancement de la campagne pour les élections européennes, les deux principales têtes de liste ont participé à un débat, qui a duré plus de deux heures. À moins de 40 jours du scrutin, cet affrontement a permis de confronter leurs visions et leurs projets respectifs.
À quelques semaines des élections européennes, Valérie Hayer, candidate du camp présidentiel, et Jordan Bardella, représentant du Rassemblement national, se sont engagés dans un débat animé sur BFM-TV le jeudi 2 mai. Au cours de cet échange, qui a duré plus de deux heures, les deux principaux candidats, en tête des sondages, ont exposé les différences entre leurs visions politiques et les idées principales de leurs camps respectifs. En position de favori dans les sondages, le président et candidat du RN a exprimé son intention de façonner "l’Europe du XXIe siècle" tout en critiquant sévèrement la politique menée par Emmanuel Macron. De son côté, la tête de liste Renaissance a affirmé son engagement en faveur de l’Europe, soulignant que "le combat pour l’Europe est également un combat contre l’extrême droite".
Le décès tragique de Matisse à Châteauroux (Indre) a provoqué une onde de choc émotionnel depuis le samedi 27 avril dernier. Âgé de 16 ans, l’adolescent a perdu la vie des suites de plusieurs coups de couteau lors d’une bagarre. Lors de sa prise de parole, Valérie Hayer a évoqué un "drame" et a exprimé son soutien aux proches du jeune garçon. Elle a également exhorté chacun à faire preuve de "responsabilité et de dignité", reprenant ainsi les propos du père de Matisse rapportés par la presse. De son côté, Jordan Bardella a refusé de qualifier cet incident de "fait divers", préférant le considérer comme un "fait de société". Le dirigeant d’extrême droite a mis l’accent sur l’origine de l’individu mis en cause, un jeune Afghan en situation régulière en France, établissant ainsi un lien entre immigration et délinquance.
Lors de l’émission, les deux candidats ont abordé la question de la crise en Ukraine, l’un des principaux enjeux de cette campagne européenne. Alors qu’E. Macron a réaffirmé sa position sur un possible déploiement de troupes au sol en Ukraine lors d’un entretien publié jeudi par The Economist, en disant que "nous ne devons rien exclure", Jordan Bardella a critiqué ces déclarations, les qualifiant de "dangereuses". Il a plutôt plaidé en faveur d’une "désescalade", accusant le dirigeant français de "favoriser la division au sein du camp occidental". De son côté, Valérie Hayer a reproché à la tête de liste du RN de ne pas avoir exprimé son soutien à l’Ukraine. Les deux candidats ont également exprimé des positions opposées concernant l’éventuelle adhésion de ce pays à l’Union européenne. La Renaissance soutient cette perspective, tandis que le Rassemblement national la rejette.
Le débat a également abordé la question de l’agriculture, un sujet qui a récemment suscité la colère des agriculteurs à travers la France. Là encore, Valérie Hayer et Jordan Bardella ont exprimé des points de vue divergents, critiquant mutuellement leur travail au Parlement européen. La candidate en tête de liste de Renaissance a souligné l’importance de l’Union européenne dans le renforcement de l’agriculture française, plaidant en faveur du maintien du budget de la politique agricole commune. De son côté, Jordan Bardella a critiqué les accords de libre-échange, affirmant qu’ils ne respectaient aucune norme économique, sociale, sanitaire ou environnementale, ce qui mettait nos agriculteurs dans une situation de concurrence déloyale. Il a reproché à son adversaire de favoriser cette concurrence déloyale au détriment des agriculteurs français. Mme Hayer a répondu en soulignant ses origines familiales dans le milieu agricole, affirmant ainsi sa connaissance des enjeux.
Le sujet du pouvoir d’achat des Français dans le contexte de la politique européenne a été aussi abordé lors du débat. Jordan Bardella s’est prononcé en faveur d’une taxation des "superprofits" réalisés par certains industriels de l’alimentation ou de l’énergie, attribués à l’instabilité provoquée par l’invasion russe en Ukraine. Il a proposé cette mesure comme un moyen de restituer du pouvoir d’achat aux Français, suggérant notamment la suppression de la TVA sur les produits essentiels. Valérie Hayer, elle, a ironisé sur cette idée, rappelant l’expérience précédente de taxation des superprofits des énergéticiens qui n’a pas atteint les résultats escomptés. Elle a plaidé pour l’ouverture du débat sur les superprofits exceptionnels, élargissant même la discussion à une éventuelle taxation des "ultra-riches". Ce sera cependant uniquement à l’échelle internationale pour ne pas décourager les investissements en Europe et en France.