L’hydroxychloroquine avait provoqué différents débats lors de la crise covid en 2020. Trois ans après, une étude accable le médicament.
En pleine pandémie en 2020, l’hydroxychloroquine a divisé les avis. En France, le professeur Didier Raoult a toujours plaidé l’efficacité de ce médicament pour soigner les personnes infectées par le coronavirus. Ce traitement est surtout administré pour les cas de paludisme. Au final, ce produit a été banni du protocole Covid. Son utilisation a été contre-indiquée en Europe et par l’Organisation mondiale de la santé OMS.
Trois ans après, des spécialistes se sont penchés spécialement sur les retombées de l’hydroxychloroquine dans le traitement du coronavirus. Le 02 janvier dernier, le magazine médical Biomedicine & Pharmacotherapy a sorti les résultats des travaux menés sur le sujet. Selon l’étude, 16 990 morts ont été provoqués par la prise de ce médicament durant les trois premiers mois de 2020.
Ces chiffres viennent de six nations : Belgique, Turquie, Espagne, États-Unis et France. C’est au pays de l’Oncle Sam que le nombre de morts est élevé : 12 739, 199 morts ont été recensés en France. Comment les experts ont pu arriver à ces conclusions ? Selon les chercheurs, ils ont "calculé le nombre de décès de patients hospitalisés en multipliant le nombre de patients hospitalisés recevant de l’HCQ par le taux de mortalité de chaque pays".
Interviewé par LCI, le Professeur Mathieu Molimard, qui officie comme chef du service pharmacologie du CHU de Bordeaux, n’est pas étonné par ces résultats. Opposé depuis toujours par l’utilisation de l’hydroxychloroquine, ce professionnel de la santé estime même que ce "chiffre est sous-estimé". Le professeur a apporté plusieurs précisions concernant son point de vue : "Il n’y a que les morts qui sont à l’hôpital, ceux qui sont morts en ville par arrêt cardiaque ne sont pas comptabilisés. Il n’y a pas l’Inde, ni le Brésil qui ont été des prescripteurs importants d’hydroxycholoroquine et qui ont suivi ces recommandations". Mathieu Molimard note aussi que ces chiffres concernant seulement la première vague en 2020.
De leurs côtés, les spécialistes ont expliqué la validité de leur hypothèse. "Bien que nos estimations soient limitées par leur imprécision, ces résultats illustrent le danger de la réutilisation des médicaments avec des preuves de faible niveau", soulignent les experts.