Le chercheur français Laurent Vinatier encourt jusqu’à cinq ans de prison pour son procès qui s’ouvre à Moscou ce mardi.
Le procès de Laurent Vinatier, un chercheur français, débute ce mardi à midi, heure de Moscou. Le tribunal Zamoskvoretsky de Moscou devra déterminer si cet employé d’une ONG suisse a respecté l’obligation de se déclarer en tant qu’"agent étranger" auprès des autorités russes. Comme le rappelle Le Parisien, ce chercheur français spécialiste de l’espace post-soviétique a été arrêté en Russie en juin. Selon une récente modification du Code pénal russe (article 330.1, partie III), toute personne recueillant des informations sur des questions militaires doit s’enregistrer auprès du ministère russe de la Justice en tant qu’agent étranger.
Laurent Vinatier, âgé de 48 ans, est un chercheur reconnu pour ses travaux sur l’espace post-soviétique. Il s’est rendu fréquemment en Russie et a travaillé pour le Centre pour le dialogue humanitaire. Cette ONG suisse est spécialisée dans la médiation de conflits en dehors des circuits diplomatiques traditionnels. Son arrestation, survenue le 6 juin dans un café de Moscou par des agents masqués du Service fédéral de sécurité russe (FSB), a été filmée et diffusée par les médias russes. Elle a eu lieu alors que les tensions entre Paris et Moscou étaient exacerbées en raison du conflit en Ukraine, notamment après les déclarations d’Emmanuel Macron soutenant l’idée d’envoyer des troupes au sol pour aider Kiev. Malgré une demande de libération soutenue par l’ambassade de France, Vinatier a été placé en détention provisoire, sans possibilité de résidence surveillée.
Le FSB a déclaré en juillet que Laurent Vinatier avait reconnu lors de son interrogatoire avoir collecté illégalement des informations militaires russes sensibles. Ces données sont potentiellement exploitables par des services de renseignement étrangers. Selon la même source, ses interactions fréquentes avec des politologues, sociologues, économistes, experts militaires et responsables gouvernementaux lui auraient permis de recueillir des données militaires. Celles-ci pourraient menacer la sécurité de la Russie. De plus, il est accusé d’avoir conservé des enregistrements audio de certaines de ses rencontres. Au moins sept de ses contacts ont été interrogés dans le cadre de l’enquête.
D’après l’agence de presse russe Interfax, bien que le délit reproché à Vinatier soit considéré de « gravité moyenne » et que le chercheur ait admis ne pas s’être enregistré comme exigé par la loi, son cas pourrait être jugé de manière accélérée. Il encourt cependant une peine pouvant aller jusqu’à cinq ans de prison, une sanction bien inférieure à celle réservée aux actes d’espionnage.