Cette Péruvienne, aujourd’hui âgée de 88 ans, fait partie des 24 femmes qui accusent cet homme d’Église.
Le 24 novembre 1988, Esther Romero, alors interprète et journaliste, avait rendez-vous avec l’abbé Pierre à l’hôtel près de la gare de Genève. Elle se remémore les circonstances de cette rencontre. "J’arrive à son hôtel, il faisait très froid dehors. Il est sorti de sa chambre quand il m’a vue émerger de l’ascenseur. J’ai vu un très petit homme, frêle, très vieux", a-t-elle confié au micro de RTL. A l’époque, la Péruvienne avait 56 ans et lui 72.
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L’interview était sur le point de commencer lorsque, à la surprise de la victime présumée, l’homme d’Église s’est approché d’elle au lieu de prendre place sur sa chaise. Il a pressé son corps contre le sien, laissant Esther sous le choc et étonnée. Elle ne pouvait pas croire ce qui se passait et se répétait que cela ne pouvait pas être réel. Ensuite, il a commencé à toucher son sein avec ses mains par-dessus son pull et a mis sa langue dans sa bouche.
Esther n’a pas signalé l’incident aux autorités. Elle n’en a parlé qu’à une amie péruvienne qui l’avait mise en relation avec l’abbé. Pendant deux décennies, elle a vécu dans le silence, persuadée qu’il existait une forme de protection autour de cet homme. "Je croyais que c’était vraiment un saint, comme disait la mère Teresa. ’Je vais me taire jusqu’à sa mort’. Mais je ne savais pas avec combien de personnes il l’avait fait.", a-t-elle déclaré.
Ce n’est qu’après la mort de l’abbé Pierre en 2007 qu’Esther a trouvé le courage de raconter son histoire dans une revue péruvienne peu connue. Cet article est cependant resté inaperçu jusqu’à ce que le scandale éclate, 17 ans plus tard.
Aujourd’hui, Esther se félicite de la libération de la parole. Elle dénonce l’hypocrisie de l’Église catholique, qui a dissimulé cette affaire pendant près de 70 ans. "Pour moi, c’est un scandale et c’est bien que ce soit désormais connu partout", a-t-elle dit. Esther n’a plus d’attentes vis-à-vis de la justice. Elle souhaite que d’autres victimes, possiblement plus jeunes, se manifestent et incite l’Église à faire preuve de davantage de transparence concernant ce type d’abus.
Source : Rtl.fr