Soupçonné d’être impliqué dans les attentats de Paris, Saint-Denis et Bruxelles, Mohamed Abrini a accepté de se livrer aux enquêteurs en racontant ce qui s’est passé la veille du 13 novembre et durant ses semaines de cavale.
Incarcéré depuis le 8 avril 2016 en Belgique, Mohamed Abrini a décidé de s’entretenir avec la juge en charge de l’affaire en Belgique, a rapporté France inter mardi. Lors de son audition, celui qui est décrit comme l’homme au chapeau raconte les préparatifs des attentats à Paris. "C’est le convoi de la mort, c’est trois voitures qui se suivent", a-t-il déclaré en évoquant le 12 novembre. Le terroriste, accompagné des frères Abdeslam, se dirige ensuite vers Charleroi où ils retrouvent d’autres membres des commandos avant de partir pour la capitale française. Il parle de tous les gars dans l’appartement, dans le convoi comme de ses derniers potes. Ces derniers, disait-il devant les enquêteurs, étaient calmes, tranquilles et préparaient à manger sans stresser. "Dans ma tête, je sais qu’ils vont aller vers la mort. (…) C’est comme si je les accompagne vers leurs derniers instants", a-t-il expliqué.
Mohamed Abrini n’a pas oublié de mentionner sa cavale. Il raconte avoir croisé Salah Abdeslam, pâle et fatigué, et lui confiant que "voilà, c’était fait". Les deux hommes sont ensuite restés ensemble pendant des mois et ils ont enchaîné les déménagements. Il y avait d’abord un appartement de Schaerbeek, dans lequel était stocké un genre de bac avec de la poudre qui sert au TATP et des fils. Puis, à Jette, ils vivaient à six dans un "tout petit" appartement. "Je n’ai pas vu de fabrication d’explosifs là-bas. Pour préparer ces choses-là, il faut de l’espace, un appartement en hauteur, c’est ce que Najim (Laachraoui mort le 22 mars après s’être fait exploser à l’aéroport de Zaventem) m’avait dit, car l’odeur est insoutenable", a-t-il confié aux enquêteurs.
Le groupe a décidé de se séparer à Forest. Mohamed Belkaïd, Salah Abdeslam et Sofien Ayari restent dans l’appartement. Après la mort du premier tué lors d’une intervention policière, Salah Abdeslam et Sofien Ayari s’enfuient, mais ont été arrêtés par la police belge peu après. Dans la foulée, Mohamed Abrini, Najim Laachraoui et Ossama Krayem se sont réfugiés dans une autre planque. C’est de là qu’ils ont pris de départ le 22 mars pour commettre les attentats de Bruxelles et Zaventem.