HIDAJET DELIC/AP/SIPA
La Française Florence Hartmann, ancienne porte-parole de la procureuse du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY), a bénéficié, mardi 29 mars, d’une libération anticipée après avoir passé cinq jours en détention aux Pays-Bas.
Florence Hartmann avait été arrêtée jeudi dernier par les gardes du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) alors qu’elle était venue assister au jugement prononcé contre l’ancien chef politique des Serbes de Bosnie Radovan Karadzic. Après cinq jours passés dans une cellule du centre de détention du TPIY pour outrage à la cour, la journaliste française a été libérée mardi. "Elle est en train de préparer ses affaires. Elle se réjouit de retrouver ses enfants et sa famille", a déclaré son avocat à l’AFP.
Le TPIY a confirmé dans un communiqué sa mise en liberté provisoire "aussi vite que possible". "Le fait que Hartmann ait accompli les deux tiers de sa peine et son comportement exemplaire dans le quartier pénitentiaire des Nations unies ont plaidé en faveur d’une libération anticipée", a déclaré le président du Tribunal, l’Américain Theodor Meron. Jointe par France Info à sa sortie de prison à la Haye, la Française s’est dite "complètement sonnée" mais "reconnaissante" des nombreux soutiens reçus : "Je suis consciente qu’il y a eu de l’ampleur, mais les détails, où, quoi, comment, je ne sais presque rien", déclare-t-elle, tout en se disant "immensément reconnaissante".
Retour sur les faits
Ancienne correspondante du journal Le Monde dans les Balkans, la Française de 53 ans a été porte-parole du procureur du TPIY, la Suissesse Carla Del Ponte, de 2000 à 2006. Alors qu’elle était venue assister le 24 mars au verdict dans le procès de l’ancien chef politique des Serbes de Bosnie Radovan Karadzic, Florence Hartmann a été arrêtée par des gardes du tribunal. Elle a été placée au centre de détention du tribunal. Les faits remontent à 2007 : des révélations publiées par la journaliste dans le livre Paix et Châtiment lui ont valu d’être inculpée et jugée par le TPIY. Dans l’ouvrage, elle mentionnait deux décisions confidentielles rendues par la cour d’appel du TPIY dans le cadre du procès de Slobodan Milosevic, qui auraient permis, selon elle, de prouver l’implication de l’Etat serbe dans le massacre de Srebrenica, qui a coûté la vie à près de 8 000 Bosniaques en 1995. En 2009, elle a été condamnée à payer une amende de 7 000 euros pour "outrage à la Cour", une décision confirmée en appel en 2011. Comme elle avait refusé de régler l’amende, les juges avaient modifié l’amende en une peine de sept jours de prison et avaient demandé aux autorités françaises de l’arrêter et de la transférer à La Haye, ce que le ministère des Affaires étrangères avait refusé.
Malgré ce mandat d’arrêt, Florence Hartmann avait pu se rendre aux Pays-Bas à plusieurs reprises sans être inquiétée. Mais le 24 mars, elle a été arrêtée devant le TPIY.
Voir notre dossier sur le Pays-Bas