Les services de renseignements allemands auraient placé des hauts fonctionnaires français et européens sur écoutes pour le compte de la NSA américaine.
C’est une information embarrassante pour Berlin. Le quotidien Süddeutsche Zeitung a dévoilé dans un article à paraître ce jeudi que l’Allemagne a aidé la NSA à espionner des officiels français. "Le BND (les services de renseignement allemands) a aidé la NSA à faire de l’espionnage politique", révèle le quotidien allemand. Il précise que des écoutes de "hauts fonctionnaires du ministère français des Affaires étrangères, du Palais de l’Elysée et de la Commission européenne" ont ainsi été réalisées depuis la station d’écoutes bavaroise de Bad Aibling.
Le journal assure en outre que de l’espionnage industriel n’a pu avoir lieu que "dans des cas isolés", soulignant que les États-Unis cherchaient à l’époque des "informations sur des exportations illégales". La source du journal est par ailleurs décrite comme fiable et digne de confiance. "Le cœur (du problème) est l’espionnage politique de nos voisins européens et des institutions de l’Union européenne", souligne la source.
Des révélations confirment au jour le jour les liens entretenus entre Berlin et la NSA. La chancellerie était informée depuis 2008, sous le premier mandat d’Angela Merkel, de telles pratiques visant également des sociétés comme Airbus, mais n’a pas réagi pour ne pas froisser Washington, a également affirmé lundi le quotidien Bild.
Dans ce nouveau rebondissement, le ministère allemand des Affaires étrangères est particulièrement ciblé. Le poste de chef de la chancellerie, chargé notamment de superviser les services de renseignement, était occupé en 2008 par Thomas de Maizière, un conservateur proche d’Angela Merkel, devenu aujourd’hui ministre de l’Intérieur. Selon plusieurs médias allemands, il ne pouvait donc pas ignorer les activités du BND.