La banque centrale européenne change ses règles de refinancement des banques grecques pour obliger le gouvernement Tsipras à négocier un nouveau programme avec la zone euro. Il s’agit d’un coup dur pour Athènes.
Coup de théâtre à Francfort, relate Le Figaro aujourd’hui. Réuni en Allemagne, le Conseil des gouverneurs de la BCE a finalement décidé de ne plus accepter les titres de l’État grec en garantie de ses opérations de refinancement principal. "Cette décision a été prise car il n’est pas possible aujourd’hui d’envisager une conclusion satisfaisante des négociations", explique la BCE dans un communiqué.
Le ministère grec des Finances a tempéré la portée de la décision de la BCE en assurant que celle-ci n’avait "pas de répercussions négatives" sur le secteur financier du pays qui reste "totalement protégé" grâce aux autres canaux de liquidités toujours disponibles.
Selon le ministère des Finances grec, cette décision de la BCE met la pression sur l’Eurogroupe (la réunion des ministres de Finances de la zone euro) pour progresser rapidement vers la conclusion entre la Grèce et ses partenaires d’un accord qui bénéficie à chacun.
Malgré tout, il s’agit d’un coup dur pour les banques et pour l’État grecs. L’Etat grec émet des titres rachetés par les banques grecques puis acceptés en garantie par la BCE en échange de liquidités. Les banques grecques ne peuvent plus compter que sur une ligne de crédit d’urgence offerte par la Banque de Grèce à ses banques, avec l’autorisation préalable de la BCE.
Dans son bras de fer avec la BCE, la Grèce est en position de faiblesse. "Je suis le ministre d’un État en faillite", a reconnu le ministre des Finances Varoufakis. "La BCE doit soutenir nos banques pour que nous puissions garder la tête hors de l’eau".
La Grèce, qui comptait sur une rallonge de la BCE de 10 milliards d’euros pour "tenir pendant trois mois" et rembourser ses échéances de dette, n’a pu qu’être déçue par la réalité des faits. Le Conseil des gouverneurs, qui a tenu sa réunion ordinaire après ce rendez-vous, s’est montré encore plus sévère.
Il a certes renouvelé la ligne de crédit d’urgence pour aider les trois principales banques du pays à faire face à leurs fuites de dépôts. Mais il a aussi suspendu le régime d’exception mis en place jusqu’ici pour la Grèce, qui lui permettait de fournir à la BCE ses titres de dette publique pourtant notés "peu fiables" par les agences de notation.