Visé par des sanctions américaines et européennes pour son implication dans la guerre en Ukraine, Moscou cherche à en minimiser la portée, tout en mettant en garde Washington contre sa « politique destructive ».
Le langage de Moscou est direct, tout en restant, dans le fond, ambigu : « Les conséquences pour Washington de cette politique destructive et à courte vue vont être très concrètes ». Ciblée par de nouvelles sanctions américaines et européennes en raison de son implication dans la guerre en Ukraine, la Russie compte bien riposter, à en croire les déclarations du ministère russe des affaires étrangères rapportés par Le Figaro hier.
Le ministre a dénoncé, ce mardi, les sanctions « antirusses tirées par les cheveux et illégitimes » de Washington, promettant des représailles dont il n’a toutefois pas précisé la nature. Car malgré le fait que Moscou tend à minimiser leurs conséquences, ces sanctions sont les plus sévères prises contre la Russie depuis la fin de la Guerre Froide.
Les cibles sont des secteurs vitaux de l’économie russe : la finance, l’énergie et l’armement. C’est le président Obama lui-même qui a annoncé lundi la suspension des exportations de bien et de technologies relatifs au secteur de l’énergie, l’assujettissement de nouvelles banques et entreprises du secteur de la défense aux sanctions, et enfin, la suspension des crédits à l’exportation et des financements du développement de l’économie russe.
Il est désormais interdit aux américains d’effectuer certaines transactions impliquant des financements sur le long terme avec la Banque de Moscou, la VTB, deuxième banque de Russie, qui est une de ses filiales, ainsi que la Banque agricole russe. Les sanctions concernent également presque toutes les banques les plus importantes dont l’État russe est actionnaire majoritaire.
Moscou continue sur sa lancée en visant les européens : « La politique de l’UE ne se fonde plus aujourd’hui sur des faits vérifiés, mais elle est dictée par Washington ». L’Union européenne est, elle aussi, montée d’un cran en passant à la « phase 3 » de ses sanctions après le crash de l’avion MH17 dans l’est de l’Ukraine. Une série de mesure des Vingt-Huit bloquent en effet l’accès des entreprises et banques russes aux marchés et financements européens par l’interdiction de toute vente d’armes et de technologies sensibles dans le domaine de l’énergie.
Les Européens ont aussi décidé de bloquer les avoirs de huit personnes, dont quatre hommes d’affaires russes proches du président Poutine, accusés de bénéficier de l’annexion de la Crimée ou de soutenir activement la déstabilisation en Ukraine.
Si Moscou reste pour l’instant évasif de possibles contre-attaques, les services vétérinaires russes ont commencé à interdire ce mercredi les importations de fruits et légumes de Pologne, en mettant en avant des « violations répétées » des procédures. Ils affirment également penser élargir cette suspension à l’ensemble des pays de l’Union européenne. Pour rappel, la Russie achète pour l’équivalent de plus de deux milliards d’euros par an de fruits et légumes venant de l’UE.