Manipuler le climat pour contrôler ou limiter le réchauffement est une réalité. Des chercheurs se lancent dans cette voie par le biais de la géo-ingénierie. Les Japonais viennent de faire un pas important dans la transformation du CO2 en gaz naturel pour éviter le réchauffement climatique.
Des chercheurs japonais affirment avoir trouvé un moyen de transformer le CO2 capté et stocké sous terre en méthane, par l’entremise d’une bactérie. Cette technique pourrait aider à lutter contre le réchauffement climatique et à fabriquer du gaz naturel. Les scientifiques disent s’appuyer sur un germe capable à l’état naturel de réaliser cette opération. Ils ont trouvé cette bactérie au large des côtes septentrionales de la grande île japonaise de Honshu, sous le plancher océanique. Introduite sous terre avec du CO2 stocké sur place, à une profondeur de 2.000 à 4.000 mètres, la bactérie transformerait le dioxyde de carbone (CO2) en méthane (CH4), lequel permettrait de composer du gaz naturel.
Il reste maintenant à accélérer la génération du méthane. Car à l’état naturel, cette transformation prend plusieurs milliards d’années, et les chercheurs espèrent développer des techniques pour raccourcir ce processus à une centaine d’années. Expérimentée dans plusieurs endroits du globe par différentes entreprises, cette technologie consiste à capter le CO2 émis par les fumées des centrales thermiques et à l’enfouir sous terre ou au fond des océans pour l’empêcher de se répandre dans l’atmosphère.
Les chercheurs sont en ébullition et la tentation de bricoler le climat est bien réelle. Dernier exemple en date : dimanche 1er novembre 2009 lorsque la neige s’abat sur Pékin. Les météorologues chinois sont parvenus à recouvrir la ville d’un manteau de neige, inhabituel pour la saison, dans le cadre de leurs efforts pour lutter contre une sécheresse persistante. La neige, inhabituellement précoce, est tombée sur la capitale pendant la moitié de la journée avec des températures qui ne dépassaient pas 2° Celsius.
C’est le Bureau de Pékin pour la modification du climat qui est à la manœuvre pour jouer les apprentis sorciers. Les météorologues chinois provoquent des pluies depuis des années en injectant des substances chimiques dans les nuages. En envoyant des fusées chargées de sels d’argent dans les nuages. Cette technique a été inventée aux Etats-Unis à la fin des années 1940 pour lutter contre la sécheresse. Mais pas seulement. Le Département de la Défense américain avait à cette époque investi dans ce domaine dans le cadre d’une "guerre de l’ombre" contre l’Empire soviétique, pour provoquer des sécheresses susceptibles d’anéantir ses récoltes. Aujourd’hui ces techniques sont au cœur de la géo-ingénierie.
Voir l’histoire de la géo-ingénierie dans ce dossier spécial du site univers nature.++++
Eviter le désastre climatique
Même le très sérieux Wall Street journal y consacre ses colonnes en donnant le point de vue du futurologue Jamais Cascio
(voir son site) : "Si nous voulons éviter un désastre climatique, il va falloir que nous adoptions une action plus directe. Nous devons commencer à penser à refroidir la planète. Ce concept est appelé géo-ingénierie et au cours des années précédentes, il est passé du statut d’idée marginale à celui de sujet de débats intenses dans les coulisses du pouvoir. Nombreux sont ceux qui, parmi nous, ont suivi ce sujet de très près et sont passés du statut de sceptiques à celui de partisans. Des partisans méfiants, mais des partisans tout de même. Soyons clairs : la géo-ingénierie ne résoudra pas le réchauffement global. Ce n’est pas une “solution technique”. Elle pourrait s’avérer très risquée et amènerait certainement de nombreuses conséquences imprévues et problématiques. Mais la géo-ingénierie pourrait aussi ralentir la montée des températures, repousser l’avènement de points de non-retour comme la fonte catastrophique des glaces du pôle et nous donner du temps pour laisser à nos économies et nos sociétés le temps d’effectuer les transformations nécessaires pour mettre fin au désastre climatique".
Et en effet, cette idée fait des adeptes. Le Prix Nobel de Chimie 2006, Paul Crutzen propose d’injecter des particules de soufre dans l’atmosphère pour refroidir le climat.
Voir l’article de la recherche.fr.
Des projets pour refroidir la terre sont nombreux au point que la Royal Society Britannique a décidé d’examiner l’ensemble des solutions qui sont proposées pour "rafraîchir" la terre.
Il s’agit par exemple d’envoyer des miroirs dans l’espace pour réfléchir la lumière du soleil, de peindre en blanc les toits des constructions ou encore tendre des films étirables de couleurs claires sur les océans ou dans les déserts. D’autres sociétés sont sur la ligne de départ avec des projets aussi fous que faisables. Comme jeter du fer dans les océans comme le préconisait l’océanologue John Martin dans les années 1980. Car le plancton fixe le carbone, puis en mourant, le dépose au fond des océans. En y rajoutant du fer, l’idée est d’accélérer ce cycle.
Enfin on parle de plus en plus de rejeter dans l’atmosphère des gouttelettes de l’eau des mers de la planète. Ce dispositif permettrait de créer des nuages artificiels qui pourraient bloquer une partie du rayonnement solaire en direction de la terre. Un effet parasol garanti. Faisable, pas très cher et assez efficace.
Pour répondre à la géo-ingénierie une voix s’élève. Celle de l’écologie industrielle. C’est un concept défendu par Suren Erkman directeur du groupe d’écologie industrielle. Il mène des programmes de recherche entre sciences naturelles et sciences humaines. Selon lui il faut,
"reconcevoir l’ensemble des activités économiques dans le système industriel à la lumière de l’écologie scientifique pour rendre le système économique industriel compatible avec la vie sur terre". Voir son interview sur le site suisse jobticmag.