L’écrivaine Fang Fang, 64 ans, a rédigé son journal intime durant le confinement à Wuhan. Les textes seront publiés à l’international, mais son initiative n’a pas plu aux nationalistes.
Pour faire face à l’épidémie du nouveau coronavirus, la population chinoise a été confinée pendant des semaines. Une période durant laquelle l’écrivaine Fang Fang a raconté son quotidien durant le confinement depuis son domicile de Wuhan. Ecrivaine célèbre en Chine, la femme de 64 ans a publié son journal en ligne. Au cœur de la controverse, l’auteure a décrit la réalité vécue par les Chinois durant la crise du coronavirus. Ses textes parfois censurés sont regroupés sous le titre "Wuhan, ville close" qui sortira en France le 9 septembre prochain chez Stock, rapporte le magazine Paris Match.
Par ses écrits, Fang Fang a provoqué la colère des nationalistes. Ces derniers ont qualifié l’écrivaine de "traîtresse" qui donne un prétexte au reste du monde de critiquer la Chine, alors que plusieurs pays doutent des chiffres publiés par le pays. "Pour combien as-tu vendu ton journal ?", s’interroge ainsi un internaute en l’accusant de s’enrichir sur les quelque 3 900 morts de Wuhan.
Les premiers extraits des textes du journal de Fang Fang ont été rendus public le 14 avril par le New York Times. La sexagénaire relate ses journées marquées par la peur et l’angoisse, mais aussi par la résignation et le calme. Le 4 février, elle se met à dénoncer la gestion de la crise du coronavirus : "L’ennemi n’est pas seulement le virus. Nous sommes aussi nos propres ennemis ou complices du crime", s’écrie-t-elle. Fang Fang évoque également l’ambiance maussade de ces hôpitaux saturés, le chagrin face à la perte de certains proches ou de ces médecins obligés à se taire. "Un ami docteur m’a dit : nous les médecins savons tous depuis un moment qu’il y a une transmission interhumaine de la maladie, nous avons rapporté ça à nos supérieurs, mais pourtant personne n’a averti les gens", a-t-elle raconté au 38e jour de son confinement.
Critiquée voire insultée, Fang Fang se dit victime de "cyberviolence" après les critiques et les insultes des nationalistes, mais aussi les critiques de nombreux internautes. "Le drame vécu par les Wuhanais m’a indignée et attristée au plus haut point. (…) Je crains que les survivants, accaparés par leurs propres intérêts, oublient pourquoi leurs défunts sont morts", a-t-elle confié dans une interview à Caixin. L’écrivaine s’est engagée à verser toutes ses royalties "aux familles des soignants décédés".
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