Un scandale secoue le géant de la distribution. L’ONG international lance de graves accusations sur son partenaire saoudien Majid Al Futtaim. Des travailleurs migrants auraient subi des conditions de travail inhumaines.
France Inter, l’AFP et France Médias Monde publient une enquête choc révélant les conditions de travail dégradantes au sein de Carrefour.
Selon des investigations menées par Amnesty International, les employés de la franchise du pilier des supermarchés opérant en Arabie Saoudite sont soumis à des conditions de travail dégradantes. À travers Majid Al Futtaim, le pionnier du concept d’hypermarché emploie entre 2 000 et 3 000 personnes sur le sol saoudien. Entre décembre 2023 et juillet 2024, Amnesty International a repéré une quinzaine de victimes originaires d’Inde, du Pakistan et du Népal. Ces travailleurs, présents dans les villes de Riyad, Djeddah et Dammam, ont signalé des heures de travail pouvant dépasser les 16 heures par jour, avec un jour de repos hebdomadaire qui pouvait être annulé sans préavis.
Les témoignages recueillis auprès de ces employés font aussi état de salaires insuffisants, de logements insalubres et de harcèlement. Selon l’enquête, le calvaire commence dès le recrutement. Les travailleurs doivent verser en moyenne 1 200 dollars à des intermédiaires pour obtenir leur emploi. Beaucoup prennent de lourds crédits ou mettent en vente leurs biens. Une fois en Arabie saoudite, leurs passeports ont été retenus entre les mains des employeurs, les empêchant de quitter le pays.
Amnesty International dénonce un système pervers qui commence dès le recrutement et se poursuit tout au long du contrat de travail. Les travailleurs sont ainsi pris au piège, incapables de quitter leur emploi sans risquer des représailles. L’ONG accuse Carrefour de ne pas avoir mis en place de mécanismes suffisants pour prévenir et remédier à ces violations des droits de l’homme.
Les travailleurs sont installés dans des logements insalubres, fournis par des entreprises sous-traitantes. Amnesty International souligne également que la législation saoudienne est peu protectrice, interdisant notamment la syndicalisation. De nombreux travailleurs subissent des menaces de licenciement s’ils osent se plaindre ou refuser des heures supplémentaires.
Carrefour, confronté à ces accusations, a annoncé l’ouverture d’une enquête interne pour faire la lumière sur la situation. La franchise Majid Al Futtaim a déclaré avoir pris des mesures correctives, incluant des contrôles dans les logements et une révision des procédures concernant les heures supplémentaires et les frais de recrutement. Un expert indépendant a été nommé pour évaluer ces accusations.
Amnesty International demande à Carrefour d’indemniser les travailleurs concernés, de rembourser les frais de recrutement et de payer les heures supplémentaires dues. L’ONG insiste sur la nécessité de renforcer la vigilance dans les pays où le cadre juridique présente des risques élevés de violations des droits humains.
Source : Franceinfo