Le 10 décembre, Ragheed Al-Tatari a mis un terme à une quarantaine d’années de détention. Incarcéré pour avoir désobéi à un ordre de bombarder des civils, il est devenu, au fil des ans, un symbole de la résistance face à la dictature syrienne.
Après des décennies d’oppression, la Syrie assiste à une nouvelle ère. La chute du régime d’Assad a libéré des milliers de prisonniers politiques, parmi lesquels Ragheed Al-Tatari, détenu depuis 44 ans.
Son histoire, celle d’un pilote ayant refusé d’obéir aux ordres criminels du régime, est un symbole de résistance et de courage. Ragheed Al-Tatari, un nom qui résonne désormais comme un symbole de la lutte contre la dictature. Ce pilote syrien, libéré le 10 décembre dernier, a passé 44 longues années derrière les barreaux pour avoir refusé de bombarder des civils. Son arrestation en 1981, sous le règne de Hafez al-Assad, père de Bachar, marque le début d’un calvaire qui a duré plus de quatre décennies.
En 1980, alors que la ville de Hama était assiégée par les forces gouvernementales, Ragheed Al-Tatari a refusé d’exécuter l’ordre de bombarder la population civile. Ce geste de désobéissance lui a valu d’être arrêté, emprisonné et condamné à la réclusion à perpétuité. Son procès, expéditif et inique, n’a duré qu’une minute.
Les conditions de détention de Ragheed Al-Tatari ont été particulièrement difficiles. Il a été détenu dans plusieurs prisons, dont celles de Mezzeh, Tadmor et Saidnaya, tristement célèbres pour leurs tortures. Son fils, Waël, qui n’avait que quelques mois lors de l’arrestation de son père, a grandi dans l’ignorance et l’angoisse. Il a dû attendre des années avant de pouvoir rendre visite à son père et de partager avec lui quelques rares moments de tendresse.
« S’il avait fait une erreur, ou blessé quelqu’un, j’aurais pu comprendre pourquoi il avait été arrêté. Mais là, il est incarcéré depuis 41 ans et nous ne connaissons même pas les charges retenues contre lui », a déploré son enfant. Il n’a pas rencontré son père qu’une quinzaine de fois pendant les 40 dernières années.
Le souvenir de sa première visite en prison hantera à jamais Waël. Face à des gardiens omniscients, il ressentit une terreur indicible.