Après plusieurs mois de tensions, le Japon et les Etats-Unis sont finalement tombés d’accord pour maintenir la base américaine controversée de Futenma sur l’île d’Okinawa (sud), contre l’avis de la population et des élus locaux.
TOKYO (AFP) - Après plusieurs mois de tensions, le Japon et les Etats-Unis sont finalement tombés d’accord pour maintenir la base américaine controversée de Futenma sur l’île d’Okinawa (sud), contre l’avis de la population et des élus locaux.
Dans un communiqué conjoint, les deux gouvernements ont annoncé vendredi le transfert de cette base aérienne des Marines, actuellement située en pleine ville dans le sud de l’île, vers la baie protégée de Henoko, plus au nord.
L’accord a été discuté au téléphone entre le Premier ministre japonais Yukio Hatoyama et le président américain Barack Obama.
Les deux dirigeants ont "exprimé leur satisfaction vis-à-vis des progrès effectués par les deux parties pour parvenir à un plan viable du point de vue opérationnel et politique afin de déplacer la base aérienne des Marines de Futenma", a indiqué la Maison Blanche.
"Nous sommes convenus de renforcer encore davantage les relations nippo-américaines", a de son côté déclaré M. Hatoyama.
Cette affaire était devenue une pomme de discorde entre les deux alliés depuis l’arrivée au pouvoir en septembre du gouvernement de coalition de centre-gauche de M. Hatoyama, qui avait promis de tout faire pour retirer Futenma d’Okinawa, contre l’avis de Washington.
M. Hatoyama, poussé par ses alliés du Parti Social-Démocrate (PSD), avait ainsi remis en cause un accord conclu en 2006 par les gouvernements japonais et américains, qui prévoyait le transfert de la base vers la baie de Henoko.
Après deux visites sur l’île d’Okinawa et des discussions avec les élus locaux, le Premier ministre a dû faire récemment des excuses publiques devant les caméras et reconnaître qu’il n’avait pas trouvé de meilleure solution que celle fixée en 2006.
Plusieurs manifestations ont été organisées ces derniers mois à Okinawa pour protester contre les nuisances sonores, les risques d’accidents et la criminalité engendrés par la présence militaire américaine.
Cette île subtropicale, occupée par les Etats-Unis entre 1945 et 1972, accueille les trois-quarts des bases et la moitié des quelque 47.000 soldats américains chargés de défendre le Japon.
Dans le communiqué conjoint, les deux parties "reconnaissent qu’il est important de répondre aux inquiétudes des habitants d’Okinawa qui portent un fardeau disproportionné en raison de la présence des forces américaines".
Mais elles rappellent que "les récents développements de la situation dans l’Asie du Nord-Est ont réaffirmé l’importance de l’alliance", en référence au torpillage en mars d’une corvette sud-coréenne, attribué à la Corée du Nord.
Afin de soulager la population d’Okinawa, Tokyo et Washington envisagent de déplacer des manoeuvres militaires vers d’autres sites de l’archipel, comme l’île de Tokunoshima, située à 200 km au nord d’Okinawa, ou même sur l’île américaine de Guam.
Toutefois, les autorités et la population de Tokunoshima ont déjà indiqué fermement au gouvernement qu’elles n’accepteraient aucune présence américaine sur l’île, même pour de simples exercices.
La volte-face peu glorieuse de M. Hatoyama ne va pas améliorer sa popularité qui frôle déjà la barre des 20%, alors que les élections sénatoriales ont lieu le 11 juillet.
Il risque également de perdre le soutien du PSD, dont la chef, Mizuho Fukushima, a menacé de démissionner de son poste de secrétaire d’Etat à la Consommation si la base restait à Okinawa.
Dans ce contexte de morosité et de défiance à l’égard du Premier ministre, beaucoup de commentateurs pensent que les jours de M. Hatoyama à la tête du pays sont désormais comptés et qu’il pourrait démissionner soit avant, soit juste après la défaite attendue au scrutin du 11 juillet.