Douch, le tortionnaire khmer rouge, vient d’être condamné en appel à la perpétuité pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité par le tribunal de Phnom Penh qui est parrainé par l’ONU. Il était entre 1975 et 1979 le chef de la prison centrale de la capitale cambodgienne où près de 15.000 personnes avaient été torturées puis exécutées. A l’annonce du verdict, il n’a laissé transparaître aucune émotion ni prononcé un seul mot, rapporte Ouest France.
La cour suprême du tribunal de Phnom Penh a condamné Kaing Guek Eav, plus connu sous le nom de Douch, à la prison à vie. « Les crimes de Kaing Guek Eav ont compté indubitablement parmi les pires jamais enregistrés dans l’Histoire. Il mérite la peine la plus élevée possible », a déclaré vendredi Kong Srim, le président de cette cour parrainée par les Nations unies en référence aux disparitions tragiques de quelques 15 000 personnes dans cette prison dont Douch était le chef.
« C’est bien pour les victimes qu’il y ait une justice. Je vais me sentir en paix », a lancé Kim Huoy, 60 ans, une des rares victimes, encore en vie, de cette période sombre. Elle a en effet perdu 19 membres de sa famille dont son mari et ses parents dans ce massacre. Une autre famille des victimes, Pov Sinuon, 52 ans, a déclaré à son tour « je dirai aux villageois que la cour a émis une sentence juste. C’est correct. Justice a été rendue », à l’issue de la sentence prononcée contre le tortionnaire.
Kaing Guek Eav avait été condamné à 30 ans de prison en juillet 2010 pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité en première instance mais une procédure en appel a été aussitôt engagée par la chambre de la cour suprême du tribunal, jugeant la peine peu significative par rapport à l’ampleur du crime.
Douch, âgé actuellement de 69 ans, ouvre ainsi la vague de condamnations qui concerneront trois autres personnalités politiques octogénaires du régime khmer rouge, toujours en vie, et qui ont tous plaidé non- coupables. Leur procès a débuté fin 2011 et leur dossier sera traité un à un afin que toute la lumière soit faite le plutôt possible sur cette sombre histoire, restée longtemps un sujet tabou au pays.