La décision d’un responsable face à la lutte contre le coronavirus a créé une controverse en Indonésie.
Pour se protéger contre la pandémie du coronavirus, un responsable en Indonésie a demandé aux femmes fonctionnaires de sa région de porter un voile sur le visage au lieu d’un masque. Comme le rapporte OrangeActus, cette décision a déclenché la controverse dans l’archipel.
Pour les défenseurs des droits des femmes, le niqab qui cache le nez et le bas du visage n’offre pas de protection suffisante. Par ailleurs, cette mesure est apparue comme une nouvelle tentative d’imposer un code vestimentaire conservateur aux femmes.
Mohammad Suhaili Fadhil Thohir, régent du district central de Lombok (île indonésienne voisine de Bali) s’est défendu, face à ces reproches. "C’est uniquement pour la prévention de la Covid-19. Ce n’est pas fondé sur les enseignements religieux radicaux ou le fanatisme", a-t-il répliqué.
Au micro de l’Agence France Presse, il a précisé que cette règle n’était imposée que le vendredi, aux seules musulmanes et qu’aucune sanction n’était prévue pour celles qui ne s’y plieraient pas. D’après ses dires, cette décision a été prise après que des fonctionnaires se sont plaintes de devoir porter un masque lors des exercices sportifs organisés chaque vendredi. Ainsi, "pour être sûr que les fonctionnaires couvrent leur bouche et leur nez, nous leur avons demandé de porter un voile", a-t-il expliqué.
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Notons qu’environ 90 % des quelque 4 000 femmes employées par l’administration de Lombok centre sont musulmanes.
Ce type de voile sur le visage est courant dans certains pays du Golfe. En Indonésie, la majorité des musulmanes portent un hidjab, un voile qui couvre les cheveux.
Toutefois, même si cette nouvelle règle n’est obligatoire que le vendredi, plusieurs employées de l’administration locale ont commencé à porter un voile sur le visage les autres jours de la semaine, selon l’AFP.
Après cette prise de mesure, les défenseurs des droits ont protesté. "Un masque doit remplir certains critères pour éviter la contamination", a relevé Andy Yentriyani, membre de la Commission contre les violences faites aux femmes. A son avis, cette politique doit être révoquée parce qu’elle menace "le droit des femmes à protéger leur santé".
Pareillement pour Andreas Harsono, collaborateur de l’ONG Human Rights Watch (HRW) en Indonésie. Il a observé que cette mesure était "de toute évidence une extension" de la politique qui a rendu le hidjab obligatoire pour les filles musulmanes dans les quelque 300 000 écoles publiques de l’archipel.
Afin de préserver ainsi la liberté des femmes, HRW a appelé le gouvernement indonésien à réagir. Dans un communiqué, l’organisation a précisé que dans le cas contraire, cette décision "pourrait déboucher sur une nouvelle régulation locale demandant à toutes les femmes de porter le niqab" à Lombok.
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