En Indonésie, une femme de 41 ans qui a été victime de harcèlement sexuel, a été condamnée à 6 mois de prison pour avoir enregistré des appels indécents de son directeur.
Baiq Nuril Maknun travaillait dans une école à Mataram, une ville de l’île de Lombok en Indonésie. Elle s’était plainte d’avoir reçu des coups de fil obscènes du directeur, a rapporté La MinuteInfo. Afin de prouver ces méfaits, elle a enregistré l’un des appels téléphoniques dans lesquels son patron aurait fait des commentaires sexuellement explicites et abusifs. Cet enregistrement a été ensuite distribué non seulement au personnel de l’école, mais aussi au responsable de l’agence d’éducation locale. Pareillement, il a été publié sur les réseaux sociaux et est devenu viral.
Après avoir perdu son emploi à cause de cette large diffusion, comme l’indiquent les documents judiciaires, le chef d’établissement a dénoncé Baiq Nuril Maknun à la police. En novembre, la cour suprême l’a déclaré coupable de "violation de la décence" en vertu de la loi indonésienne sur l’information et les transactions électroniques.
Jeudi 4 juillet, la demande en appel de la victime pour annuler le verdict a été rejetée, car celle-ci n’avait pas réussi à produire de nouvelles preuves. "Son contrôle judiciaire a été rejeté parce que son crime a été prouvé légalement et de manière convaincante", a annoncé, Abdullah, le porte-parole du tribunal à l’AFP. De plus, la justice lui a sanctionné à payer une amende de 500 millions de roupies (35 200 $).
Relativement calme en entendant la décision du tribunal, Baiq Nuril Maknun déclare être prête à accepter le verdict, d’après la déclaration de son avocat, Joko Jumadi à la BBC Indonésienne. "Elle espérait pourtant être la dernière victime à faire l’objet de poursuites pénales" pour avoir dénoncé le harcèlement sexuel en Indonésie, a-t-il poursuivi.
En apprenant cette décision de la cour suprême, des groupes de défense des droits avertissant que le verdict envoie un message inquiétant aux victimes de harcèlement sexuel. Cette affaire a ainsi suscité l’indignation de tout un peuple. Le directeur exécutif de la Fondation d’aide judiciaire pour la presse, Ade Wahyudin a indiqué une situation préoccupante. Car "elle ouvre la porte aux auteurs de violences sexuelles pour qu’ils criminalisent les victimes".
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