La Russie a lancé une opération militaire en Ukraine, ce jeudi 24 février, après la montée des tensions entre Kiev et Moscou depuis quelques semaines. Découvrez plus de détails concernant cette intervention militaire.
Après son indépendance en 1991, l’Ukraine est divisée entre une majorité pro-occidentale et une minorité pro-russe, habitant dans l’Est du pays. En 2005, un rapprochement entre Kiev, l’Union européenne, donc de l’OTAN a eu lieu après l’élection du président pro-occidental Viktor Iouchtchenko. Cependant, le chef de l’Etat pro-russe Viktor Ianoukovitch, élu en 2010 a refusé de signer l’accord d’association avec l’UE. Cette décision a provoqué la révolution de Maïdan qui a entraîné la destitution du chef de l’Etat.
Une guerre civile, faisant 13 000 morts, s’est par la suite éclatée dans l’Est du pays, notamment dans le Donbass, entre des forces pro-russes soutenues par Moscou et le pouvoir central de Kiev.
Deux républiques, autoproclamées indépendantes, naissent : la République populaire de Donetsk et la République populaire de Lougansk. Avec l’instauration des accords de paix de Minsk de 2015, les tensions se sont légèrement apaisées.
Des mouvements de troupes russes ont été constatés à la frontière ukrainienne, au mois d’octobre 2021, par les services des renseignements américains. Des vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux ont montré des trains et des camions russes, transportant des tanks, mais aussi des missiles.
La Russie est alors accusée de déployer plus de 100 000 militaires et de fournir des troupes et des armes aux séparatistes pro-russes de l’Est de l’Ukraine. Pour justifier ces mobilisations, Moscou a indiqué la nécessité de réagir aux activités "menaçantes" de l’OTAN.
Une montée des tensions a été fortement ressentie. Des échanges entre les représentants des deux pays ainsi que des dirigeants occidentaux ont eu lieu depuis décembre, mais il n’y a pas eu d’apaisement.
Vladimir Poutine a demandé des garanties à Joe Biden sur le non-élargissement de l’OTAN, mais Washington a rejeté cette sollicitation, mercredi 26 janvier. Le président russe a ainsi décidé de laisser ses troupes à la frontière. Les Américains ont rapidement commencé à parler d’invasion. Emmanuel Macron s’est posé en tant que médiateur entre la Russie et les Etats-Unis en février. Après 5 heures d’entretien, il a annoncé que les deux présidents vont se rencontrer, mais aucun sommet n’a eu lieu.
Les séparatistes pro-russes et les forces ukrainiennes se sont affrontés le long de la ligne de front. Des échanges de tirs d’armes lourdes ont retenti depuis le 17 février. Le 21 février, Vladimir Poutine a reconnu l’indépendance des régions séparatistes pro-russes de l’Est de l’Ukraine. Cette décision entrave les accords de Minsk, et a aggravé la situation. Un décret a ordonné aux troupes russes de rentrer dans les Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk pour une opération militaire de "maintien de la paix".
L’Occident a annoncé plusieurs sanctions contre la Russie comme l’ interdiction de voyage et un gel des avoirs dans l’UE. Le Royaume-Uni, le Canada et les Etats-Unis ont mis en place des sanctions financières. Ces dernières coupent la Russie des financements occidentaux. L’Allemagne a de son côté, suspendu le gazoduc Nord Stream 2, qui n’était pas encore en service. Pour le moment, les Occidentaux font l’impasse sur le secteur énergétique russe.
Les sanctions semblent inefficaces, puisque Vladimir Poutine a opéré une "autonomisation" de son pays pour résister aux sanctions depuis des années. Par ailleurs, le pays dispose d’importantes réserves, puisque la banque centrale russe a progressivement augmenté son stock d’or pour réduire sa dépendance au dollar. Il possède aussi un fonds souverain dont les encours sont d’environ 180 milliards de dollars, selon Catherine Kary, professeure de finance et spécialiste des marchés boursiers. "Les sanctions ne lui font pas peur, car le Kremlin sait les contourner", a expliqué Carole Grimaud Potter, l’experte de la Russie.
Les forces armées ukrainiennes ont annoncé un plan de mobilisation des réservistes de 18 à 60 ans. Environ 200 000 hommes s’ajoutent ainsi aux 250 000 des forces armées régulières et un nombre indéterminé de membres des forces de défense territoriales.
Mercredi 23 février, l’état d’urgence a été adopté pour permettre aux autorités de "renforcer la protection de l’ordre public et des infrastructures stratégiques", "limiter la circulation des transports", et "intensifier la vérification des véhicules et des documents des citoyens".
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