Depuis le 3 février dernier, le navire de croisière Diamond Princess a été mis en quarantaine à cause du coronavirus, au Japon. Pourtant, 14 jours après, un immense fiasco a été constaté.
Mardi 17 février, 550 cas de coronavirus ont été enregistrés à bord du bateau de croisière Diamond Princess, au Japon. Après ce constat, "la mise en quarantaine à bord du navire est un échec sans précédent", rapporte LCI. Cet avis est partagé par plusieurs experts mondiaux. Un médecin spécialiste des maladies infectieuses à Tokyo a jugé, au quotidien New York Times, que la mise à l’isolement des 3 700 personnes à bord du Diamond Princess était une "erreur".
En ce moment, le paquebot de croisière renferme le plus nombreux cas de coronavirus, en dehors de la Chine continentale. Plusieurs spécialistes ont indiqué que des erreurs ont été commises durant cette mise en quarantaine. Jusqu’ici, ils essaient de trouver la manière dont le Covid-19 s’est transmis aussi rapidement et aussi facilement.
Par ailleurs, la gestion à bord du navire a été vivement critiquée. Dr Paul Hunter, professeur de médecine à l’Université d’East Anglia en Angleterre, a apporté son point de vue auprès de l’agence Associated Press. "Je suppose que les gens n’étaient pas aussi isolés les uns des autres que nous le pensions", a-t-il estimé.
Dans ce sens, la docteure Clare Wenham a également confié, dans le Guardian, des failles dans les conditions de mise en quarantaine, qui étaient à la fois "moralement douteuses" et "contre-productives". Elle a même estimé que le bateau est devenu un "incubateur". Selon elle, il y avait un certain laxisme dans l’organisation, c’est pourquoi trois membres assurant la gestion du protocole ont été infectés.
Pour d’autres experts, cette mise en quarantaine était vouée à l’échec. Certains ont indiqué que l’isolement sur un navire est impossible, d’autres ont avancé que les passagers auraient dû être directement débarqués. Car "les bateaux sont des endroits connus pour être des incubateurs de virus", selon Arthur Caplan, professeur de bioéthique à la New York University School of Medicine.
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D’après le Dr. Nathalie MacDermott, experte en épidémies au King’s College de Londres, le dispositif n’a pas été "réalisé correctement". Toutefois, elle pense que cette méthode aurait pu fonctionner, selon Associated Press. "Il pourrait y avoir un mode de transmission que nous ne connaissions pas, comme par exemple via des conduits d’aération", a-t-elle signifié. Autrement dit, toutes les informations nécessaires n’étaient pas fournies aux responsables.
Cette spécialiste a également souligné que nous devons comprendre "comment les mesures à bord ont été mises en œuvre, à quoi ressemble la filtration de l’air à bord, comment les cabines sont connectées et comment les déchets sont éliminés". Plus encore, avant son isolation, il aurait été aussi nécessaire de nettoyer profondément le bateau, s’est-elle demandée.
Outre l’inefficacité de la méthode, Mark Eccleston, professeur de droit à l’Université de Keele a vivement critiqué les autorités japonaises concernant les droits de l’Homme. Selon lui, toute restriction aux libertés civiles au nom de la santé publique doit répondre à un certain nombre d’exigences pour être considérée comme légale et légitime.
Pourtant, sur le Diamond Princess, il y avait un caractère discriminatoire lors de la mise en quarantaine. Certains passagers disposaient d’un balcon pour souffler, d’autres ont été obligés de rester dans une cabine d’une dizaine de mètres carrés. "Une prison sur l’eau", a-t-il dénoncé.
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