Une délégation de magistrats français est récemment arrivée à Beyrouth (Liban) pour une première audition de Carlos Ghosn.
L’ancien patron de Renault-Nissan Carlos Ghosn est, pour la première fois, visé, par des enquêtes en France. Le journal Le Parisien rapporte qu’une délégation de magistrats français est venue à Beyrouth (Liban) pour interroger l’ex-PDG. Ce dernier est notamment visé pour abus de biens sociaux. Cette audition, qui est prévue sur cinq jours, se concentrera sur trois principaux sujets : deux fêtes au château de Versailles, des flux financiers avec un distributeur commercial à Oman, et des prestations de conseil quand Carlos Ghosn était PDG de Renault-Nissan.
Dans un communiqué, la défense a dénoncé des irrégularités de procédure qu’elle estime graves, note le journal. Effectivement, les trois avocats, Mes Carlos Abou-Jaoude, Jean-Yves Le Borgne et Jean Tamalet ont indiqué que ces anomalies, fragilisant le processus judiciaire, proviennent des méthodes singulières de l’enquête japonaise qui demeure la source principale des dossiers français. Selon eux, l’ancien patron de 67 ans est "entendu comme témoin", et n’a, pour lors, aucune possibilité de contester la légalité de la procédure.
"Seul le statut de ’mis en examen’, que les trois avocats appellent de leurs vœux, lui permettra de dénoncer les vices juridiques affectant le dossier et de faire réaliser des auditions", ont estimé les avocats.
Carlos Ghosn pourra avoir accès au dossier, et connaître ainsi, les charges qui pèsent contre lui en étant mis en examen. Il pourra surtout demander des actes (contre-expertises, auditions de témoins, confrontations, etc.). Pourtant, la mise en examen ne pourra pas intervenir tant qu’il n’est pas sur le sol français.
Depuis sa fuite rocambolesque du Japon en décembre 2019, l’ex-PDG, ciblé par un mandat d’arrêt d’Interpol, est contraint de rester au Liban.
Carlos Ghosn a été arrêté à l’aéroport de Tokyo en 2018 avant d’être accusé pour des soupçons de malversations financières chez Nissan.
Il a été libéré sous caution après plusieurs mois de détention, avec interdiction de quitter l’archipel dans l’attente de son procès. Pourtant, il a déjoué la surveillance des autorités japonaises. Cette situation n’a pas facilité le travail des enquêteurs français, qui s’intéressent également à cet ancien cadre du géant de l’automobile, notamment pour des soupçons d’abus de biens sociaux.
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