La situation a duré depuis des années. Des travailleurs humanitaires anonymes ont dénoncé les exploitations sexuelles commises par des employés d’organisations internationales à l’encontre des femmes syriennes.
Les femmes syriennes sont la cible d’exploitation sexuelle pour percevoir de l’aide humanitaire d’ONG. Les faveurs sexuelles en échange d’aide humanitaire gagnent surtout du terrain dans le sud de ce pays en guerre. Des travailleurs humanitaires anonymes ont dénoncé mardi à la BBC ces actes ignobles des employés d’organisations internationales. Une situation qui concerne aussi bien les agences de l’ONU que leurs partenaires locaux. Danielle Spencer, qui a travaillé dans des camps de réfugiés syriens en Jordanie en 2015, raconte des faits qui se sont produits il y a trois ans. Selon elle, des femmes de Daraa et de Quneitra étaient utilisées à des fins sexuelles par certains employés des Conseils locaux qui retenaient l’aide à distribuer.
L’exploitation sexuelle dans le contexte de distribution en Syrie a déjà été dénoncée dans un rapport du Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP) publié en janvier. Le document rapporte le cas de ces hommes qui réclament un numéro de téléphone en échange de nourriture. Certains vont plus loin en exigeant une visite ou une nuit avec la femme. Et même, "des femmes ou des jeunes filles se sont mariées à des employés (des Conseils locaux, ndlr) sur une courte période pour recevoir des repas", est-il indiqué dans le rapport intitulé "Voices from Syria" repris par le quotidien Europe1. Pire encore, plus une fille donne, plus son aide augmente, a confié une adolescente d’Idlib, dans le nord de la Syrie.
Aucune donnée exacte n’a été révélée sur le nombre de femmes syriennes victimes de ce type de chantage sexuel. En revanche, le rapport du FNUAP précise que plus vulnérables sont les femmes et les filles sans protection masculine, comme les veuves, les divorcées et les déplacées. Le plus triste est que les organisations caritatives tournaient le dos devant ces pratiques. "L’exploitation sexuelle et les abus de femmes ont été ignorés, c’est connu et ignoré depuis sept ans (…)", regrette Danielle Spencer affirmant que les Nations unies ont choisi de sacrifier le corps des femmes. Interrogé au sujet de cette situation, un porte-parole du Haut-Commissariat aux réfugiés de l’ONU a avoué être au courant d’allégations en ce sens sans avoir des informations pour identifier les personnes ou organismes responsables.
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