"Je suis journaliste, je dois faire mon travail", le photographe Burhan Ozbilici raconte son face-à-face avec le tireur. Il n’a pas lâché son appareil alors que le tueur pointait son arme.
Burhan Ozbilici, un photographe de l’agence de presse Associated Press basé en Turquie était venu à Ankara pour assister à un discours d’Andrei Karlov, l’ambassadeur russe en Turquie, à l’occasion d’une exposition d’art. Il s’est finalement retrouvé au milieu des coups de feu, assistant à un meurtre de sang-froid. Le journaliste n’a pas lâché son appareil, faisant face au tueur pour en saisir le portrait.
Sur le site de l’agence AP, Burhan Ozbilici raconte cet événement et la raison pour laquelle il a photographie l’assaillant avant qu’il ne tire. "Je suis là. Même si je suis touché et blessé, ou même tué, je suis journaliste. Je dois faire mon travail (...) J’ai photographié l’homme alors qu’il haranguait son audience captive et désespérée", confie le photographe, avant d’ajouter : "J’avais peur et je savais que je serais en danger s’il se tournait vers moi". Le reporter dit avoir pensé "aux amis et aux collègues qui sont morts en couvrant des conflits". "J’aurais pu courir sans faire aucune photo, mais je n’aurais pas eu de réponse si des gens m’avaient demandé plus tard : ’Pourquoi n’as-tu pas pris de photo ?’", explique Burhan Ozbilici, dont les photos se retrouvent dans toute la presse internationale au lendemain de l’attaque.
What bravery AP's @BurhanOzbilici showed to capture those photos. Wire staff very often unsung and very often the heroes of this trade. pic.twitter.com/JYpXbrxIUm
— Barry Malone (@malonebarry) 19 décembre 2016
AP photographer Burhan Ozbilici continued his work in the face of this. pic.twitter.com/mGdH37ZMei
— Micah Grimes (@MicahGrimes) 19 décembre 2016
Le journaliste décrit l’ambassadeur comme un homme qui parlait "doucement", qui semblait "calme et humble". Burhan Ozbilici a entendu les cris du tireur, "Allahou akbar", sans comprendre la suite de son discours en arabe - durant lequel il affirme agir pour venger le drame de la ville d’Alep. Le tueur, un policier turc, s’agite, pointe son pistolet vers son public terrorisé, marche autour du corps sans vie de l’ambassadeur. Le photographe s’avance, encore un peu, pour photographier l’assassin. L’ambassadeur, lui gît à terre quand le photographe prend le temps de le regarder. "Je ne voyais pas de sang autour de lui, je pense que le tueur lui a tiré dans le dos. Il m’a fallu quelques secondes pour réaliser ce qu’il s’était passé : un homme est mort en face de moi, une vie a disparu devant mes yeux", confie-t-il.
C'est lui qui a pris en photo l'assassinat de l'ambassadeur russe en Turquie. Le photographe d'AP raconte https://t.co/MXGJfWz4Le pic.twitter.com/ByJN0z6IV6
— Michael Bloch (@Micbloch) 19 décembre 2016
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