Une famille palestinienne a porté plainte contre une entreprise française pour "complicité de crimes de guerre" et "homicide involontaire". La famille a fait appel à l’ONG "Action des chrétiens pour l’abolition de la torture" (ACAT) pour entamer les procédures judiciaires.
La société française Exxelia Technologies est visée par une plainte déposée la famille d’une victime des raids israéliens dans la bande de Gaza à l’été 2014. Pour cause, l’un des missiles qui auraient tué de nombreuses victimes avait un composant d’origine française, fabriqué par cette entreprise. La famille de la Palestine, auteure de cette plainte a été aidée par l’ONG Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT) dans cette affaire.
Pour rappel, lors de l’opération israélienne "Bordure protectrice" menée par l’armée israélienne dans la bande de Gaza en 2014, les bombardements ont fait des ravages durant près de 10 jours. Les Israéliens ont fait tomber des pluies de bombes sur les zones investies par des Palestiniens. Ces derniers ont riposté en lançant des obus et en tirant des roquettes vers Israël. Le Hamas et le djihad islamique ont tiré ensemble contre Israël selon le site du magazine Metronews.
Durant ces jours de bombardements, un missile israélien, probablement tiré depuis un drone vient s’abattre sur une maison le 17 juillet 2014, vers 17h40. Le missile en question avait tué trois enfants de la famille Shuheibar : deux frères et sœurs et leur cousin ont été tués sur le coup. La maison de cette famille a été la cible du missile. Dans les décombres, des débris de la bombe ont été récupérés et parmi ces fragments, un élément comportait des inscriptions sur l’origine de la pièce. En effet, les inscriptions "Eurofarad – Paris – France" ont été visibles sur ces éléments du missile selon ACAT. À noter que "l’entreprise française Eurofarad, aujourd’hui nommée Exxelia Technologies depuis son rachat par Exxelia Group en 2015", précise l’ACAT.
C’est à partir de ce moment que la famille a décidé de porter plainte pour "complicité de crimes de guerre" et "homicide involontaire". De plus, selon l’ONG, la maison des Shuheibar n’avait rien à voir avec l’armée. "Les survivants et les témoins affirment qu’aucune cible militaire n’était présente dans la maison au moment de l’attaque ni à aucun autre moment. Le domicile est considéré comme un objet civil qui ne peut pas être visé par une attaque selon le droit international", a expliqué l’ACAT.
Exxelia Technologies vend "des composants électroniques et des solutions électromagnétiques" à l’étranger, que ce soit pour des marchés civils ou militaires. Les journalistes de Metronews ont contacté le service communication et marketing de cette entreprise française, mais ils n’ont pas réussi à avoir beaucoup d’informations. "On respecte toutes les lois en vigueur sur les exportations. On ne commente pas les ventes, ni ne révélons les noms de nos clients", a indiqué un responsable d’Exxelia Technologies.
La responsable des programmes Maghreb/Moyen-Orient à l’ACAT, Hélène Legeay avait annoncé que c’est à la justice de trancher sur cette affaire. "C’est à la justice d’enquêter pour savoir comment ce composant produit par une entreprise française s’est retrouvé sur une scène de crime de guerre", a-t-elle affirmé. La balle est actuellement dans le camp du pôle judiciaire spécialisé dans les crimes de guerre du parquet de Paris afin de décider de la suite de cette affaire.
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