SIPA
Hier, la cours suprême indonésienne a rejetté la demande de procès en révision du français Serge Atlaoui. Le condamné à mort pourrait être prochainement exécuté.
Serge Atlaoui réfute son implication dans un trafic de drogue, crime pour lequel la justice est inflexible en Indonésie, rappelle Le Figaro aujourd’hui. Condamné à la peine capitale pour trafic de stupéfiant, il a vu son son dernier recours rejeté par la Cour suprême, hier. Le président Joko Widodo, fraîchement élu, ne change donc pas de cap envers le narcotrafic, en dépit de la diplomatie française.
Les récentes récriminations de l’ambassade de France auront donc été vaines. Le juge Suhadi a précisé qu’une formation collégiale de trois juges a rejeté le recours en révision du français, soulignant l’absence d’éléments nouveaux. La cours estime que les raisons avancées dans le recours ne peuvent effacer le crime commis par le condamné.
Pourtant, un tribunal de la banlieue de la capitale indonésienne avait émis un avis favorable dans ce dossier, avant de le transmettre à la Cours suprême. Mais rien ne semble en mesure de faire fléchir l’Indonésie dans sa lutte contre le trafic de drogues, pas même l’intervention de François Hollande.
Richard Sédillot, l’avocat du condamné, regrette une volonté démagogique de "rassurer la population indonésienne", très touchée par la consommation de drogues. Il note qu’il ne s’agit encore que d’une "déclaration d’un juge", et que le rejet définitif n’a pas encore été prononcé.
Pour l’instant, l’ambassade de France à Jakarta n’a reçu aucune notification officielle. Les dix années de combat de la famille Atlaoui devrait donc connaître une issue tragique. Condamné en première instance à la prison à vie, Serge Atlaoui s’est vu infliger la peine capitale en appel.
Sa famille "en appelle au président de la République, Monsieur François Hollande, et à l’Union européenne pour mettre tout en oeuvre pour sauver Serge Atlaoui du peloton d’exécution", a dit son frère André. Agé de 51 ans, ce mari et père de quatre enfants risque d’être exécuté dans les semaines à venir.
Appelant à un "geste de clémence", le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius a renouvelé hier après-midi les menaces de Paris en cas d’exécution. Choqué du "sort de notre compatriote", le ministre rappelle que les indonésiens "qui dirigeaient cette affaire de drogue, n’ont pas été condamnés à la même peine". Il dénonce aussi "les conditions extrêmement discutables" du procès en première instance, durant lequel Serge Atlaoui "n’avait pas d’interprète".
Serge Atlaoui a été arrêté en 2005 dans un laboratoire d’ecstasy clandestin. Il a toujours réfuté les accusations portées à son égard. Artisan-soudeur, il martèle qu’il n’a fait qu’installer des machines industrielles dans ce qu’il croyait être une usine d’acrylique.