Connue dans le monde comme étant la ville numéro un en pollution, Delhi, la capitale indienne est plongée dans une fumée noire où le risque sanitaire menace de jour en jour. Une prise de conscience a débuté en mai 2014.
Depuis mai 2014, la capitale indienne détient le record de la ville au plus haut niveau de pollution atmosphérique dans un rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Malgré de nombreux débats de chiffres sur les mesures de toxicité de l’air, la situation à Delhi est incontournable car la pollution serait pire que ce qui vient d’être révélé. Le Centre pour la science et l’environnement (CSE) tire la sonnette d’alarme sur des niveaux "inacceptables". Les particules dangereuses concentrées dans l’air de la capitale se mesurent jusqu’à quinze fois la limite fixée par l’OMS et cette pollution est plus grave en hiver.
3 000 décès par an pour inhalation d’air pollué
Au plus haut niveau, la santé des 17 millions d’habitants dans la capitale de l’Inde est en situation d’urgence. D’après un rapport de Greenpeace, au moins 3 000 personnes sont décédées chaque année à Delhi pour avoir trop absorbé son air pollué. D’autant plus que la pollution favorise les risques de bronchites, cancers du poumon et maladies cardiaques. En 2008, le Bureau central de lutte contre la pollution a étudié un échantillon de 11 628 écoliers de Delhi. Résultat : 43,5 % d’entre eux présentaient une baisse des capacités pulmonaires. En moyenne, 40% des personnes souffriraient de problèmes respiratoires.
Et pour cause : cocktail nocif "hors de contrôle"
Cette dégradation de l’air à Delhi résulte d’une expansion urbaine débridée. De ce fait, le cocktail nocif serait devenu "hors de contrôle", information relayée par la Haute Cour de Delhi et citée par Le Point. Le cocktail nocif est constitué de poussières des chantiers, de combustion des déchets mais aussi de feux à ciel ouvert pour le chauffage ou la cuisine sans oublier, en périphérie, les fumées des usines à charbon. Autre facteur dévastateur à ne pas négliger : les fumées de voitures avec 1 400 nouvelles immatriculations par jour en plus d’un parc de 8 millions d’automobiles.
Les autorités pointées du doigt pour leur passivité
Alors que le défi est assez difficile à relever, les autorités sont pointées du doigt pour leur passivité. "Si des mesures ne sont pas prises immédiatement, les niveaux de pollution risquent d’empirer", explique l’épidémiologiste Dr T. K. Joshi, directeur du Centre of Occupational Environment and Health. Certains axes sont néanmoins fixés par le gouvernement entre autres l’interdiction d’entrée à Delhi des véhicules polluants, l’interdiction des feux agricoles, la conversion des déchets ou la baisse de la toxicité des usines à charbon. Le tribunal de Delhi a également réagi cet hiver en lançant une interdiction des véhicules diesel de plus de 15 ans. "Cette décision ne peut fonctionner sans alternative. Un meilleur système de transport public, des aménagements pour les piétons et les cyclistes, et la réduction des voitures doivent devenir une priorité", affirme l’environnementaliste Kanchi Kohli.