Illustration/SIPA
Depuis 8 mois, la petite Assia âgée de 3 ans a été enlevée en Syrie par son père radicalisé. Sa mère, Meriam Rhaiem, raconte son calvaire huit mois après son retour.
Enlevée en octobre 2013 par son père, Assia, 3 ans est restée deux mois en Turquie et huit mois en Syrie avant de retourner en France en septembre 2014. Visiblement traumatisée par les bombardements, la fillette se bouche les oreilles en prenant l’avion. Si la fillette a tout oublié en raison de son jeune âge se mère, Meriam Rhaiem, une lyonnaise de 26 ans garde en mémoire chaque minute des dix mois de combat pour l’avoir de nouveau près d’elle. Dans Mama est là (Ed. Michel Lafon) dont L’Express a publié des extraits ce mardi, la jeune femme balaye le récit de sa descente aux enfers.
Un coup monté
Alors que son ex-mari se fait embrigader dans une "secte radicale", il devenait insupportable en exigeant qu’elle porte le voile intégral ou encore qu’elle arrête de travailler. Mais Meriam ne cède pas sous la pression et après maintes refus, elle quitte la maison emportant sa fille de trois mois sous le bras. Pendant plus d’un an, son ex-mari avait préparé son coup en lui rendant visite régulièrement et en lui faisant croire qu’il avait changé, barbe rasé, accoutrement normal. "En réalité, il faisait refaire son passeport dans mon dos", a-elle confié d’un ton amer. Son ex-mari s’est alors enfoncé vers Raqqa, pour se rallier au groupe Jabhal al-Nosra, filière syrienne d’Al-Qaïda. Elle a régulièrement reçu des photos de leur fille coiffée d’un bandeau djihadiste avec des messages de sommation disant "je préfère qu’elle meure en martyre plutôt qu’elle retourne en France" ou des insultes comme "bois beaucoup d’eau, tu n’as que tes yeux pour pleurer", "on a réussi, t’es plus sa mère".
L’ex-mari piégé
En août 2014, elle pressent pour la première fois que le père d’Assia n’est plus aussi confiant avec une division du groupe et ses amis qui ont rejoint l’Etat islamique. Profitant de l’occasion, Meriam monte un scénario pour lui tendre un piège. "Je suis arrivée avec la gendarmerie, mon mari a compris que je l’avais piégé. Je n’ai jamais regretté, j’étais prête à tout pour sortir ma fille de cette guerre." Aujourd’hui, la mère de famille ne souhaite qu’une seule chose : "retrouver une vie normale, loin des tourments syriens". Son ex-mari, arrêté à Roissy en octobre dernier est en prison en attendant son jugement. Toujours est-il que Meriam et sa fille bénéficient toujours d’une protection en raison des menaces qui lui sont régulièrement proférées. "Les amis du père d’Assia considèrent non seulement que je suis une traître mais également que ma fille leur revient, qu’elle fait partie de leur famille", explique la lyonnaise de 26 ans. Meriam est consciente que ce livre ne devrait pas calmer leur fougue, mais elle souhaite que d’autres puissent se reconnaître dans son combat.