Reyhaneh Jabbari a été pendue en Iran samedi 25 octobre au matin. Elle avait été condamnée à mort pour le meurtre d’un homme qu’elle accusait de l’avoir agressée sexuellement en 2007.
La justice iranienne a fait fi de nombreuses protestations de la communauté internationale en poursuivant son cour et en amenant la jeune femme à subir la loi du talion par pendaison, rapporte le site lalibre.be aujourd’hui. Une lettre écrite par la jeune décoratrice d’intérieur en avril dernier et adressée à sa mère, qui avait demandé d’être pendue à la place de sa fille, a été dévoilée par des militants pacifistes iraniens, deux jours après sa mort. Elle a demandé à ce que tous ses organes soient donnés après son décès.
« Aujourd’hui j’ai appris que c’est à mon tour de faire face à Qisas (la loi du talion dans le système judiciaire iranien, ndlr) », commence-t-elle. « Je suis blessée d’apprendre que tu ne m’as pas laissé savoir que j’avais atteint la dernière page du livre de ma vie. Ne penses-tu pas que j’aurais dû savoir ? Tu sais que ta tristesse me rend honteuse. Pourquoi ne m’as tu pas laissé la chance d’embrasser ta main et celle de papa ? », poursuit Reyhaneh.
La suite se passe de commentaires : « Le monde m’a permis de vivre pendant 19 ans. Durant cette nuit inquiétante, j’aurais dû être tuée. Mon corps aurait été jeté dans un coin de la ville, et après quelques jours, la police t’aurait conduite dans le bureau du médecin légiste afin d’identifier mon corps et tu aurais appris que j’avais également été violée. Le meurtrier n’aurait jamais été retrouvé puisque nous n’avons ni leur richesse ni leur pouvoir. Tu aurais alors continué ta vie dans la douleur et dans la honte, et quelques années plus tard tu serais morte de cette douleur, voilà tout ».
Elle remercie sa mère à travers une émouvante leçon de vie et de courage : « Tu m’as appris que l’on vient au monde pour profiter d’une expérience et apprendre une leçon, et qu’avec chaque naissance, une responsabilité est placée sur notre épaule. J’ai appris que parfois l’on doit se battre. Je me souviens quand tu m’as raconté que l’homme s’est opposé à l’homme qui me flagellait, mais que ce dernier lui a fouetté la tête et le visage jusqu’à ce qu’il meure. Tu m’as dit que pour créer de la valeur, l’on devait persévérer même si un autre mourait ».
Son désenchantement se lit sur les lignes suivantes : « C’était si optimiste d’attendre de la justice de la part des juges ! Il ne s’est jamais interrogé sur le fait que mes mains ne sont pas épaisses comme celles d’une sportive, en particulier d’une boxeuse. Ce pays que tu m’as fait chérir n’a jamais voulu de moi et personne ne m’a soutenu quand, sous les coups des interrogateurs, je criais et j’entendais les mots les plus vulgaires. Quand j’ai perdu mon dernier signe de beauté en me rasant les cheveux, j’ai été récompensée : 11 jours en cellule d’isolement ».
« Dans la cour du Créateur, j’accuserai le Docteur Farvandi, j’accuserai Qassem Shabani et tous ceux qui, par ignorance ou avec leurs mensonges, m’ont fait du mal et ont piétiné mes droits et n’ont pas tenu compte du fait que parfois, ce qui semble être la réalité ne l’est en fait pas du tout », conclut-elle.
Le corps de Reyhaneh Jabbari a été enterré dans la prison d’Evin. Elle savait que « la mort n’est pas la fin de la vie ».