Au Nicaragua, l’opposante Cristiana Chamorro est accusée de blanchiment d’argent par le gouvernement. Elle est la principale concurrente de Daniel Ortega à la présidentielle de novembre.
Selon sa famille, la principale opposante au Nicaragua, Cristiana Chamorro, a été assignée à résidence mercredi 2 juin à la suite d’une accusation de blanchiment d’argent portée par le gouvernement.
Dans la journée, un mandat d’arrêt a été lancé contre elle, et la police est intervenue à son domicile. Son frère Carlos Fernando Chamorro a confirmé cette nouvelle dans la soirée sur Twitter, rapporte le journal Le Figaro. "Après plus de cinq heures de présence de la police au domicile de ma sœur Cristiana Chamorro, pré-candidate à la présidentielle, à 5h15 [23h15 GMT] la police antiémeute la place sous assignation à résidence, à l’isolement. Sa maison est toujours occupée par la police", a-t-il écrit.
Un tribunal de Managua a ordonné l’intervention des forces de l’ordre et l’arrestation de Cristiana Chamorro, d’après les explications de la justice nicaraguayenne dans un communiqué de presse.
La principale opposante est accusée des délits de gestion trompeuse, fausseté idéologique en vue de commettre le délit de blanchiment d’argent, de biens et d’actifs, au détriment de l’Etat du Nicaragua et de la société nicaraguayenne. En fin de matinée, d’importants éléments de la police ont été mobilisés autour du domicile de la journaliste de 67 ans. Cette dernière qui ambitionne de vaincre Daniel Ortega dans les urnes durant la présidentielle en novembre, note le journal.
Le ministère public du pays a mis en accusation l’opposante, mardi avant de demander qu’elle soit interdite de briguer un quelconque mandat, car elle "ne jouit plus pleinement de ses droits civiques et politiques car elle est impliquée dans une procédure pénale". Des juristes ont dénoncé une procédure "illégale" en l’absence d’une résolution du Conseil suprême électoral.
Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a réagi sur Twitter après cette assignation à domicile. "Interdire de manière arbitraire à la leader de l’opposition Cristiana Chamorro (d’être candidate) reflète la crainte d’Ortega d’élections libres et justes", a-t-il dénoncé depuis le Costa Rica où il est en visite. Selon lui, les Nicaraguayens méritent une vraie démocratie.
De son côté, l’eurodéputé espagnol José Ramon Bauza a estimé qu’il s’agissait d’une "attaque très grave contre la démocratie", rapporte Le Point. Il a ainsi demandé au chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, que l’UE envisage des sanctions immédiates contre le gouvernement Ortega.
Cristiana Chamorro a dirigé la Fondation de défense de la liberté de la presse qui porte le nom de sa mère. Le parquet a assuré l’existence des "incohérences" dans les comptes de cette fondation pour la période 2015-2019.
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