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Avec des politiques migratoires de plus en plus strictes et des coûts exorbitants liés à l’immigration clandestine, certains jeunes guatémaltèques choisissent une autre voie : celle de l’apprentissage et du travail local.
Face à la pauvreté, de nombreux jeunes au Guatemala rêvent d’un avenir aux États-Unis. Dans la commune de Joyabaj, Francisca Lares, mère célibataire de 30 ans, a longtemps envisagé l’exil. Originaire d’une région indigène pauvre, elle a failli confier sa vie et son avenir aux "coyotes", ces passeurs clandestins qui réclament jusqu’à 20 000 dollars pour atteindre les États-Unis. Une dette difficile à rembourser, surtout en cas d’échec. Mais aujourd’hui, grâce à une formation en couture, elle a décidé de rester et de bâtir sa vie sur place.
Francisca a été formée au centre "Quédate", un programme soutenu par l’Organisation internationale pour les migrations et le Japon. Elle y a appris la couture, a ouvert une boutique chez elle et vend désormais ses créations locales, les huipiles, y compris à l’étranger. Avant cette formation, elle ne gagnait que 75 dollars par mois. Aujourd’hui, elle subvient aux besoins de ses deux filles et encourage d’autres jeunes à rester au pays.
"Quédate" enseigne également la boulangerie, la coiffure et la réparation d’ordinateurs. L’objectif du centre est de former plus de 600 jeunes d’ici fin 2025. Selon Pedro Miranda, responsable du centre, investir dans un métier au Guatemala, c’est mieux que payer un passeur. Car avec 90 % de chances d’être expulsé à la frontière, partir devient un pari risqué.
Zarleny Tiño, 25 ans, partage le même choix. Son mari a émigré seul et vit désormais dans la peur d’une expulsion. Elle, restée au Guatemala, a lancé sa propre activité de couture. Elle conseille à son époux de revenir si la situation devient trop difficile. Pour elle, "mieux vaut construire au Guatemala que de tout risquer là-bas là-bas." En 2024, 61 680 Guatémaltèques ont été expulsés des États-Unis.
Source : Lefigaro.fr