La marée noire du Golfe du Mexique souillait samedi les côtes de Louisiane, menaçant de provoquer la pire catastrophe écologique aux Etats-Unis, les garde-côtes redoutant le déversement de millions de litres de brut.Evènement
VENICE (AFP) - La marée noire du Golfe du Mexique souillait samedi les côtes de Louisiane, menaçant de provoquer la pire catastrophe écologique aux Etats-Unis, les garde-côtes redoutant le déversement de millions de litres de brut.
Les autorités locales ont également averti British Petroleum (BP) que la mobilisation de ses moyens semblait insuffisante pour cette gigantesque lutte contre la pollution au moment où les vents poussaient les premières nappes de pétrole sur les marécages des côtes de Louisiane (sud).
"Je suis préoccupé du fait que les moyens de BP ne sont pas adéquats", a déclaré le gouverneur de l’Etat, Bobby Jindal.
Les garde-côtes estiment que la fuite de pétrole pourrait s’aggraver considérablement, déversant des millions de litres de brut chaque jour, a rapporté de son côté samedi le journal The Mobile Press-Register.
Deux nouvelles fuites ont été découvertes dans la colonne montante endommagée de la plateforme, exploitée par BP à 70 km des côtes, qui a coulé le 22 avril, indique le journal, citant un rapport confidentiel de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA).
"Si la colonne montante se détériore encore plus, le flot (de pétrole) pourrait devenir incontrôlé et libérer un volume d’une magnitude supérieure à ce que l’on pensait auparavant", souligne le rapport.
Le volume de pétrole déversé pourrait être multiplié par dix par rapport aux 800.000 litres actuels par jour, ajoute le journal.
Avec la marée noire s’échappant chaque jour du puits foré sous la plateforme, la catastrophe pourrait bientôt dépasser celle de l’Exxon Valdez, la pire de l’histoire américaine, en 1989 au large de l’Alaska.
La superficie de la nappe actuelle est évaluée à plus de 1.500 km2, soit la taille d’une grande agglomération comme celle de Londres.
Poussées par de forts vents de sud-est, les premières plaques de pétrole libérées par le naufrage de la plateforme Deepwater Horizon ont touché dès jeudi soir des marais proches de l’embouchure du Mississippi.
Une partie des eaux du Mississippi, le plus grand fleuve du pays, était détournée en direction des marais afin de repousser la marée noire, a indiqué Wilma Subra, de l’organisation écologiste Louisiana Environmental Action Network.
"C’est une très très bonne mesure", a-t-elle dit à l’AFP au moment où des centaines de kilomètres de côtes étaient menacés en Louisiane, Mississippi, Alabama et Floride, région qui représente 40% des marécages fragiles du pays.
Les autorités se sont mobilisées pour tenter d’éviter le pire.
A la demande de Barack Obama, une réunion s’est tenue entre ses principaux ministres et responsables de l’environnement, "pour faire en sorte que les ressources fédérales soient complètement intégrées à la réponse" à la catastrophe, a indiqué la Maison Blanche.
Le Pentagone a autorisé vendredi soir le déploiement de la garde nationale de Louisiane. La demande en avait été faite la veille par le gouverneur qui avait réclamé l’envoi de 6.000 réservistes.
Selon le président Obama, 1.900 fonctionnaires fédéraux dotés de 300 bateaux et aéronefs se trouvent dans la région.
Le gouvernement américain a décrété la marée noire "catastrophe nationale", ce qui permet l’utilisation de moyens venant de tout le pays.
Les Etats d’Alabama et du Mississippi ont à leur tour décrété l’état d’urgence après la Louisiane et la Floride, où la nappe de pétrole est attendue lundi.
Par ailleurs, au moins huit plaintes ont été déposées devant des tribunaux des régions menacées, essentiellement par des professionnels de la mer qui accusent BP de "négligence".
BP "assume toute la responsabilité de la marée noire et la nettoiera", a indiqué une porte-parole, précisant que le groupe britannique paierait des dommages et intérêts.
"Pour les oiseaux, c’est le pire moment : c’est la période de reproduction et de nidification", a observé pour sa part Melanie Driscoll (association écologiste Audubon Society). Les marais côtiers de Louisiane constituent un sanctuaire pour la faune et des barrages flottants ont été déployés sur près de 50 km pour tenter d’endiguer la nappe de pétrole.