Pour l’armée fidèle à Nicolas Maduro, l’aide humanitaire venant des Etats-Unis est un "show politique". Elle n’autorise donc pas son entrée au Venezuela. L’opposant Juan Guaido estime qu’il s’agit d’un "crime contre l’humanité".
Depuis jeudi, des stocks de médicaments, de nourritures et de produits de première nécessité dans des entrepôts de la ville colombienne de Cucuta, sont bloqués par des militaires. Réfutant l’existence d’une "crise humanitaire", le président Nicolas Maduro n’accepte pas l’entrée de cette aide au Venezuela. Il estime que c’est un premier pas vers une intervention militaire des Etats-Unis et un "show politique". Maduro attribue la responsabilité de la pénurie d’aliments et de médicaments aux sanctions américaines.
Dans une nouvelle tentative de briser le soutien apporté par l’armée au gouvernement, Juan Guaido a prévenu les militaires qu’empêcher l’entrée de l’aide constituerait un "crime contre l’humanité". Il a affirmé, lors d’un entretien à l’AFP vendredi, qu’il ferait le "nécessaire" pour "sauver des vies" et pour que "cesse l’usurpation" du pouvoir par Nicolas Maduro, sans écarter la possibilité d’autoriser une éventuelle intervention étrangère. "Aujourd’hui, 300 000 Vénézuéliens sont condamnés à mort si l’urgence n’est pas gérée", a-t-il dénoncé.
Le chef du Parlement a appelé à manifester, mardi, à l’occasion de la Journée de la jeunesse, pour que l’armée laisse entrer l’aide humanitaire bloquée aux frontières du Venezuela. "Nous allons nous mobiliser dans tout le pays pour obtenir l’entrée de l’aide humanitaire qui permettra de répondre à la crise", a-t-il déclaré. Depuis ce week-end, environ 100 000 personnes se seraient portées volontaires pour que l’aide soit acheminée sur le territoire.
Une conférence internationale réunissant les représentants de l’opposant avait par ailleurs eu lieu au siège de l’Organisation des Etats américains (OEA) à Washington, jeudi, afin de "sensibiliser" les gouvernements, organismes internationaux, ONG et entreprises sur l’aide à apporter au Venezuela.
Juan Guaido, 35 ans, s’est autoproclamé président intérimaire le 23 janvier, après que le Parlement ait déclaré Nicolas Maduro "usurpateur" en raison de sa réélection mise en cause à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. Il peut compter sur l’appui des Etats-Unis et un soutien croissant en Amérique latine et en Europe.