Des centaines de manifestants sont descendus dans la rue ce mercredi pour contester les résultats électoraux ayant désigné Jovenel Moïse comme vainqueur de la présidentielle.
La police haïtienne s’est lancée dans une intervention musclée ce mercredi. Équipées d’armes lourdes et de boucliers en mains, les forces de l’ordre ont empêché plusieurs centaines de manifestants. Ces derniers contestaient les résultats électoraux par lesquels Jovenel Moïse est sorti vainqueur de la présidentielle. Les policiers ont également bloqué le passage du cortège en direction de Pétionville, sur l’un des axes majeurs de la capitale. Outre les jets de pierre, les militants politiques ont brisé plusieurs vitres de voitures stationnées à proximité. De leur côté, les forces de l’ordre ont répondu avec des grenades lacrymogènes. "La police, avec le secteur privé, ne veut pas laisser le peuple manifester : ils ne veulent pas que le peuple revendique ses droits", a déploré Jean Daniel, un manifestant.
Les principaux concurrents de Jovenel Moïse n’approuvent pas les résultats faisant de lui le vainqueur de l’élection du 20 novembre à plus de 55% des suffrages, rapport Le Figaro. Ce scrutin est un passage obligé pour le retour du pays à l’ordre constitutionnel, car depuis février, Haïti est sous la direction d’un président provisoire, Jocelerme Privert. Les autres candidats Jude Célestin, deuxième avec 19,52% des votes, Moïse Jean-Charles (11,04%) et Maryse Narcisse (8,99%) préparent déjà leurs dossiers de contestation à présenter devant les tribunaux électoraux. Il est d’ailleurs stipulé dans la loi que tout candidat peut contester ces résultats préliminaires. Les résultats définitifs seront communiqués le 29 décembre après analyse et verdict des tribunaux électoraux.
Cette nouvelle démonstration de clivages entre la majorité pauvre et l’élite aisée témoigne une fois de plus de l’existence d’inégalités à Haïti. Dieuseul Hippolyte, un autre manifestant n’a pas hésité à dénoncer ceux qu’il appelle "les bourgeois". "Ils ont le pouvoir économique et veulent faire un coup d’État électoral, mais ça ne passera pas : nous n’avons pas de grands électeurs ici et le vote du peuple, celui de la majorité, doit être respecté", a-t-il affirmé.