Le Portugais Antonio Guterres a été désigné hier par l’Assemblée générale des Nations unies au poste de secrétaire général. Il succède officiellement au Sud-Coréen Ban Ki-moon le 1er janvier 2017.
Antonio Guterres, 67 ans, ancien Haut-commissaire de l’ONU aux réfugiés et ancien Premier ministre du Portugal, a été nommé hier secrétaire général de l’organisation, à New York, pour une durée de cinq ans. Elu à l’unanimité par le Conseil de sécurité la semaine dernière, il succède au Sud-Coréen Ban Ki-moon. L’homme a promis de combattre les "populistes" et les "terroristes" dans son premier discours.
Socialiste modéré, catholique et pro-européen, Antonio Guterres est connu pour être un homme d’action. Né à Lisbonne le 30 avril 1949, cet ingénieur de formation a commencé sa carrière politique au sein des mouvements catholiques avant d’entrer au Parti socialiste portugais (PS), pour lequel il milite au lendemain de la Révolution des œillets de 1974, qui a mis fin à près de 50 ans de dictature dans son pays.
En tant que Premier ministre, dès 1995, Antonio Guterres s’était déjà positionné sur le terrain international. En 1966, il participe à la création de la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP), et émet à cette occasion le souhait d’une refonte de l’ONU, "pour avancer vers plus de démocratie et une plus grande efficacité" de la communauté internationale, qui doit intensifier ses efforts dans la défense des droits humains et le maintien de la paix, selon lui.
Au milieu des années 1990, le Portugal connaît une période de croissance économique qui permet à Antonio Guterres de créer le Revenu minimum garanti, une de ses mesures phares, et de faire passer dans l’opinion l’image d’un homme politique responsable et ouvert au dialogue. Cet Européen convaincu se fixe pour objectif prioritaire l’entrée dans l’euro, pari qu’il remporte avec brio.
Opposé à l’avortement, Antonio Guterres organise en 1998 un référendum pour la libéralisation de l’interruption volontaire de grossesse (IVG), finalement abandonné en raison d’une grande abstention. Ses détracteurs, notamment au sein du PS, lui reprochent cependant d’avoir contribué à la victoire du "non", car ce fervent catholique n’a jamais caché ses réticences à l’égard de l’IVG.
Il démissionne de son poste de Premier ministre et de Secrétaire général du PS en 2001 après un échec aux élections législatives, en pleine récession économique au Portugal.
À 67 ans, Antonio Guterres avait déjà fait forte impression lors d’auditions organisées ces derniers mois par l’Assemblée générale pour les candidats. "Il s’en est très bien tiré. Cela confirme sa performance dans les auditions", confiait un diplomate du Conseil de sécurité au moment des premiers votes. Il faut dire que l’homme, qui parle couramment anglais, français, portugais et espagnol, a fait ses preuves par le passé au sein des Nations unies.
À son poste de Haut-commissaire aux réfugiés de 2005 à 2015, Antonio Guterres dut affronter la plus grave crise de migration en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale. Il a d’ailleurs déjà fait savoir qu’il souhaitait être une voix pour les opprimés était secrétaire général de l’ONU.