L’aide internationale commence à se mettre en place en Haïti, touché de plein fouet pat l’ouragan Matthew. Face à l’ampleur des dégâts, le président provisoire Jocelerme Privert assure que les aides parviendront à temps aux sinistrés mais craint dans la foulée que le fiasco humanitaire de 2010 se reproduit si l’assistance s’éternise.
L’ONU estime que 1,4 million de personnes ont besoin d’une aide urgente dans le pays le plus pauvre des Caraïbes. Une semaine après le passage de l’ouragan Matthew, de nombreuses victimes, affamées, attendent une aide d’urgence pour pouvoir se nourrir et boire de l’eau potable. De nombreuses plantations agricoles et animaux d’élevage ont été décimés. Plusieurs ONG ont déclaré en outre craindre l’apparition d’épidémies, notamment de la dengue et du choléra. Face à la situation désastreuse, Jocelerme Privert veut rassurer la population tout en restant objectif.
Au total, selon le dernier bilan de la protection civile haïtienne, il y a au moins 473 morts et 75 disparus, alors qu’un autre bilan fait état de plus de 1 000 morts. A cause des très nombreuses maisons détruites et des inondations, plus de 175 500 sinistrés se trouvaient encore mardi dans des refuges temporaires.
Pour le président haïtien, les sans-abris sont prioritaires. "Les gens qui sont dans les abris, il faut les nourrir, leur donner de l’eau à boire. Il faut leur donner des médicaments pour éviter cette propagation du choléra", a-t-il affirmé. Près de 150 cas suspects de choléra ont été recensés depuis une semaine dans le département de la Grande Anse et une cinquantaine dans celui du Sud. "Le gouvernement a envoyé dans les différentes régions affectées près de 40 containers de provisions alimentaires qui ont coûté au Trésor public plus de 400 000 dollars", a précisé le président haïtien. "Beaucoup d’organisations et de pays nous ont promis leur aide, certains l’ont fait en nature mais, pour d’autres, il n’y a que des promesses qui ne se sont pas encore matérialisées", a-t-il fait valoir, sans autre précision.
Le président provisoire a assuré que les populations sinistrées allaient recevoir de l’aide mais, dans le même temps, il a affirmé ne pas vouloir pérenniser l’assistance humanitaire. "Si nous persistons à apporter de l’aide alimentaire urgente aux personnes victimes, sans prendre des mesures pour les recapitaliser, pour qu’il y ait une circulation d’argent dans les régions affectées, le risque d’un exode vers les grandes villes est toujours là", a prévenu le président haïtien. Le risque d’une répétition du fiasco de la période post-séisme de 2010, où seule une fraction de l’aide avait bénéficié aux victimes, est aussi dans les esprits des autorités locales et des partenaires étrangers. En référence à la mauvaise gestion de l’aide par les précédents gouvernements, Jocelerme Privert a réaffirmé le rôle premier de l’Etat haïtien dans la gestion de cette nouvelle crise humanitaire.
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