Des Brésiliens ont manifesté leur colère devant la présidence à Brasilia et à Sao Paulo mercredi soir après la diffusion d’une écoute judiciaire embarrassante entre la présidente Dilma Rousseff et l’ex-président Lula, nommé dans la journée au gouvernement.
Alors que la présidente du Brésil est plongée dans un scandale politique exigeant sa destitution, cet enregistrement est de plus en plus compromettant.
Une pièce à conviction
Cette écoute judiciaire a été rendue publique par le juge fédéral Sergio Moro, en charge de l’enquête sur le scandale de corruption et de blanchiment d’argent contre l’ancien président. Dans cet extrait, Dilma Rousseff téléphone à Lula pour lui informer qu’elle va lui envoyer son "décret officiel" de nomination afin qu’il puisse "s’en servir en cas de nécessité". Cette recommandation semble confirmer que l’un des objectifs de la nomination de Lula au gouvernement était bien de le protéger contre une éventuelle incarcération dans le cadre du scandale de corruption Perrobras.
Des appels à la démission et à la destitution
Lula, désormais ministre, est protégé par son statut. En conséquence, seul le Tribunal suprême fédéral (STF), chargé du volet politique de l’affaire peut engager une procédure pénale contre lui. Les députés de l’opposition, bouillis de colère après la publication de l’enregistrement, ont crié le poing levé "Démission ! Démission !". Par ailleurs, environ 2 000 personnes ont spontanément manifesté devant la présidence de la République à Brasilia, rapporte Le Monde. Ces Brésiliens ont exigé la démission de Lula et la destitution de Dilma Rousseff tout en apportant leur soutien au juge Sergio Moro. Dans la foulée, une autre manifestation spontanée a éclaté la nuit tombée dans la capitale économique Sao Paulo.
Dans la soirée, avant que la bombe de l’écoute n’éclate, Dilma Rousseff s’est réjouie en déclarant que l’arrivée de Lula allait renforcer son gouvernement. De nombreux internautes ont aussitôt ironisé une célèbre phrase prononcée par Lula en 1988 disant : "Au Brésil, quand un pauvre vole, il va en prison. Quand un riche vole, il devient ministre !"
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