Illustration/SIPA
Des milliers de petits poissons argentés sans vie ont été aperçus dans la baie de Rio de Janeiro après avoir été terrassés par un mal mystérieux.
Victimes d’un mal mystérieux, des milliers de petits poissons argentés inertes ont flotté dans la baie de Rio de Janeiro. Entre vendredi et mardi, l’entreprise municipale de nettoyage Comlurb a enlevé des plages de l’île 20 tonnes d’aloses mortes. Certains d’entre eux ont succombé bouche grande ouverte, puis se sont échoués sur l’île carte-postale de Paqueta.
D’après les pêcheurs, il s’agit d’une pollution pétrolière sachant qu’une odeur nauséabonde remplit cette île paisible très prisée par les touristes. "Nous voulons savoir pourquoi tant de poissons meurent. Ça pue, il y a plein de mouches dans l’île. Et les autorités ne nous disent rien ; on a peur, on ne se baigne plus et on n’achète plus de poissons ici", a annoncé Vilma Leocadio, de l’Association des habitants de Paqueta sur le récit du site ouest-france.fr ce jeudi. "Je n’ose plus mettre un pied dans l’eau avec tous ces cadavres (de poissons). On les voit en train d’agoniser. Je lance un appel au secours pour Paqueta", a rajouté Rosimere Figueiredo.
"Les tests ont montré que ce n’est pas une question de pollution chimique ou toxique de l’eau", a déclaré l’océanographe David Zee, de l’Université de Rio (UERJ). Leandro Daemon, de l’Institut national de l’ Environnement (Inea) a par ailleurs annoncé à la presse que les analyses de l’eau de la baie n’avaient démontré aucune substance chimique toxique, ni aucune variation anormale dans le pH (potentiel hydrogène), dans la salinité ou la quantité d’oxygène de l’eau. Ce dernier de préciser : "nous n’avons pas encore de réponse sur ce qui se passe mais nous pouvons exclure avec certitude l’hypothèse d’une pollution chimique qui tuerait les poissons".
Le site naturel de la baie de Rio, célèbre pour ses baobabs et son charme colonial, a depuis longtemps été souillé par l’homme. Chaque jour, des tonnes d’ordures et des rejets de produits chimiques industriels atterrissent à la surface. Bien que la baie figure parmi les endroits destinés à la tenue de certaines compétitions des Jeux Olympiques de 2016, elle se transforme malheureusement en un dépôt de poubelle maritime. Les petits pêcheurs indépendants de la baie qui n’ont jamais face face à un tel phénomène dénoncent les activités pétrochimiques de Petrobras.
Les experts pourront se prononcer d’ici une semaine lorsque le résultat de l’analyse des poissons morts envoyés mardi au département de Biologie de l’université UFRJ sera connu. L’océanographe David Zee estime que l’hypothèse la "plus probable est que ce phénomène soit provoqué par une pollution thermique de l’eau". "L’alose est un poisson très sensible au manque d’oxygène. Les fortes températures de l’eau enregistrées depuis plusieurs jours - de 27 à 30 degrés Celsius aux abords peu profonds de l’île diminuent la solubilité de l’oxygène" a-t-il expliqué, ce qui pourrait entrainer la mort par asphyxie de cette espèce.
Le biologiste Mario Moscatelli qui examine les eaux de la baie depuis 20 ans reste perplexe. "J’ai survolé la région début octobre et il y avait déjà des poissons qui flottaient. Au début j’ai cru que c’était des poissons rejetés à la mer par les pêcheurs. Mais ça dure depuis trop longtemps et je les ai vus agoniser comme s’ils manquaient d’oxygène", a-t-il annoncé écartant l’idée d’une pollution chimique. Selon lui "d’autres espèces seraient mortes". "Nous avons plus de questions que de réponses", conclut-il.