Une amende de 250 000 dollars par jour, soit 193 511 euros, c’est ce que les autorités américaines ont menacé de faire payer à Yahoo en 2007-2008 pour le contraindre à livrer des données sur ses utilisateurs.
C’est au nom de la sécurité nationale que l’administration américaine a motivé une telle pression, relate aujourd’hui Le Figaro qui reprend une publication de 1 500 pages du groupe internet datée du 11 septembre 2014. Yahoo ! a finalement été obligé de céder aux injonctions des autorités chargées de contrôler les opérations de renseignement.
Ron Bell, responsable des questions juridiques chez Yahoo !, a affirmé dans un message publié sur l’un des blogs officiels du groupe : "Les documents publiés montrent comment nous avons dû combattre à chaque étape pour nous opposer aux mesures de surveillance de l’administration".
Les autorités ont été jusqu’à menacer Yahoo ! d’une amende de 250 000 dollars par jour, l’équivalent de 193 511 euros, pour le contraindre à communiquer des données dans le cadre du programme d’interception des télécommunications "Prism", selon Ron Bell qui a assuré : "Nous avons refusé de nous plier à ce que nous considérions comme une surveillance contraire à la Constitution".
C’est l’ancien espion américain Edward Snowden qui a révélé le programme Prism de l’Agence nationale de sécurité américaine (NSA) qui permet d’intercepter les communications électroniques d’internautes étrangers et se situant vraisemblablement en dehors des Etats-Unis. Facebook, Google, Microsoft, Apple, AOL, Skype et Yahoo ! sont associés à ce programme, même si ces sociétés ont toujours nié donner un accès direct à leurs serveurs, selon l’espion.
Yahoo ! se félicite dans son message d’avoir obtenu la déclassification des 1 500 pages de documents confidentiels, mais ne révèle pas l’ampleur des données communiquées à l’administration. "Nous estimons qu’il s’agit d’une importante victoire pour la transparence et nous espérons que ces archives contribueront à promouvoir un débat éclairé sur la relation entre la vie privée, une procédure équitable et la collecte d’informations liées au renseignement", souligne Ron Bell dans son message.
Selon des documents de justice partiellement censurés, Yahoo ! a défié le gouvernement sur le terrain de la constitutionnalité, en affirmant que le programme Prism violait les règles de protection de la vie privée. Le groupe indique ainsi que les demandes de l’administration "sont inconstitutionnelles parce qu’elles permettent une surveillance sans mandat de communications personnelles de citoyens américains, et qu’elles n’étaient pas justifiables".