Les gangs se répandent partout au Honduras et plusieurs jeunes soucieux de leurs sorts, préfèrent quitter clandestinement le pays.
Cristian, 16 ans a vu deux de ses amis partir clandestinement du Honduras pour la destination des Etats-Unis. Ces derniers voulaient à tout prix échapper aux gangs comme des milliers d’autres enfants du pays. "Ils m’ont demandé de garder le secret. Ils n’avaient pas assez pour payer un +coyote+ (passeur, ndlr), mais ils étaient menacés par les membres de la Mara Salvatrucha", raconte l’adolescent à l’AFP. Ce gang comme plusieurs autres tentent de recruter par la force de nombreux jeunes au Honduras, au Salvador et au Guatemala.
"Cela me fait de la peine... On leur avait dit que là-bas (aux Etats-Unis) ils auraient tout, donc ils ont suivi le courant", a déclaré l’adolescent concernant le départ de ses amis le 25 juillet. Plusieurs milliers d’enfants répètent le même parcours. Ils traversent plusieurs frontières sur un trajet de plus de 1500 kilomètres à travers des zones où la criminalité est à un niveau élevé surtout au Mexique. La motivation est surtout de quitter le Honduras, réputé comme le pays le plus dangereux au monde.
Entre Octobre 2013 et 2014, 61 581 mineurs non accompagnés ont été appréhendés par les services des frontières. Ils ont été par la suite transférés dans les centres d’hébergements aux Etats-Unis dans l’attente de la décision du juge concernant leurs sorts.
Le revers de ces fuites vers les Etats-Unis est pourtant lourd de conséquences surtout au niveau national. Barack Obama avait même rencontré les présidents du Honduras, du Guatemala ainsi que du Salvador pour que ceux-ci arrêtent les cas d’émigrations dans leurs pays.
Selon Yadira Sauceda, administratrice de l’ONG Compartir, cette crise ne s’arrêtera que si l’on se penche en premier sur les causes. L’association Compartir, littéralement partager, tente déjà de venir en aide aux jeunes de Villanueva, Los Pinos et Suyapa, des quartiers pauvres à l’est de la capitale Tegucigalpa.
Cristian a d’ailleurs suivi une formation de soudure auprès de l’organisme. D’après ce dernier, il a pu échapper aux gangs en suivant sans traîner l’itinéraire entre l’école, la maison et l’organisme. "La création d’opportunités, c’est ce qui peut empêcher que les enfants émigrent", plaide Rosa Maria Nieto, directrice de l’organisation.