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L’historien français François Durpaire décrypte la diplomatie américaine face à la situation en Somalie, en Irak et Syrie.
Selon François Durpaire, l’intervention américaine en Somalie de lundi n’est pas surprenante. Depuis l’attentat du centre commercial de Nairobi, en septembre 2013, les groupes islamistes shebab sont suivis par le renseignement américain. L’attaque de plusieurs lieux stratégiques en plein centre de Mogadiscio de ces derniers jours a renforcé l’attention des américains qui ont donc voulu montrer qu’ils pouvaient prendre part dans la lutte contre les djihadistes. En outre, les frappes restent en cohérence avec la doctrine Obama qui refuse les interventions au sol.
A l’intérieur des Etats-Unis, Obama envoie par la même occasion un message à l’opposition républicaine, en campagne à l’approche des élections de mi-mandat de novembre. Il l’a envoyé à Hilary Clinton également, qui reproche à Kerry et Obama d’être faibles sur le plan diplomatique, ainsi qu’à la partie de l’opinion qui se dit insuffisamment protégée par leur gouvernement.
Si Obama affirme ne pas penser à la Syrie pour le moment, c’est qu’il ne dispose pas de suffisamment de renseignements pour intervenir, car la CIA est encore incapable de faire remonter des informations permettant de repérer des cibles précises, malgré l’utilisation de drones. Obama ne veut pas lancer des bombes sur des civils. Ses stratèges, très différents de ceux de George W. Bush, insistent sur le risque de provoquer du ressentiment parmi les populations, car il facilite le recrutement des djihadistes. Les Etats-Unis, à travers la nomination de Leon Panetta, l’ancien chef de la CIA, comme secrétaire d’Etat à la Défense, misent sur le renseignement.
Dans leur majorité, les américains sont déçus par la politique étrangère. Selon un sondage, 47 % d’entre eux sont critiques vis-à-vis de la diplomatie de l’administration Obama, contre 36% qui s’en disent satisfaits. Aujourd’hui, l’opinion juge les orientations de la Maison Blanche confuses.
Un paradoxe demeure cependant : Une majorité d’américains trouve la politique étrangère de leur pays faible, alors qu’ils sont aussi opposés aux trois-quarts à plus d’interventions au sol, notamment en Irak, et ne veulent pas revenir à une politique à la Bush.