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L’Argentine devait rembourser hier soir les créanciers qui avaient accepté une restructuration de sa dette de 2001. Toutes les conditions d’une nouvelle crise économique sont réunies.
Tout remonte à 2001, quand l’Argentine annonçait être en défaut de paiement, un événement qui allait marquer le début crise économique grave dans tout le pays, nous rappelle France TV aujourd’hui. Le même scénario menace de nouveau si un accord n’était pas trouvé avec les "fonds vautours", détenteurs d’une partie de la dette extérieure argentine, le 30 juillet étant l’ultimatum fixé pour le remboursement de 93% des créanciers du pays.
La dette extérieure se chiffrait à près de 100 milliards de dollars en 2001. Depuis, les gouvernements successifs se sont évertués à convaincre les créanciers du pays qu’une restructuration de la dette était nécessaire s’ils voulaient éviter de tout perdre. Afin de venir en aide au pays, 93% des investisseurs ont accepté d’abandonner 70% des sommes qui leur étaient dues et d’étaler le reste des remboursements sur plusieurs années. Les 7% d’investisseurs restant ont refusé toute négociation, Buenos Aires a décidé de rien leur rembourser. Certains d’entre eux ont préféré se tourner vers les "fonds vautours".
Les "fonds vautours" rachètent les dettes d’entreprises ou d’Etats qui ne sont plus honorées et ne valent presque plus rien dans l’objectif de réaliser une plus-value. Le défaut de paiement argentin était une occasion pour deux "fonds vautours", Elliott et Aurelius, pour racheter à bas prix ces titres dont une partie des investisseurs cherchaient à se débarrasser.
C’est vers les tribunaux de New York qu’Elliott et Aurelius se sont tournés, avec l’espoir d’obtenir un remboursement des titres à 100%. Les enjeux se chiffrent à un 1,3 milliard de dollars, soit 1 milliard d’euros au maximum. Le conflit judiciaire n’a toujours pas été résolu depuis.
Le 16 juin, un juge américain, Thomas Griesa fait pencher la balance en faveur des "fonds vautours" et a contraint l’Argentine à rembourser les créanciers qui n’ont pas accepté de restructuration de la dette. L’Argentine a payé plus d’un milliard de dollars, soit près de 740 millions d’euros aux créanciers restructurés, mais le juge américain a invalidé la transaction et a ordonné le retour du paiement aux autorités argentines. Un délai d’un mois a été accordé à l’Argentine, avec comme argument le fait que Buenos Aires doit rembourser tout le monde au même moment. Une condition que ceux qui ont accepté la restructuration ont refusée.
L’Argentine a concrètement les moyens de payer la somme demandée par Elliott et Aurelius, mais la clause "Rufo" (Rights upon future offers), ajoutée par Buenos Aires en 2005 et 2010, pose problème. Celle-ci précise que le pays ne peut pas proposer de meilleures offres financières aux "fonds vautours", à moins d’offrir aux autres investisseurs un remboursement avec les mêmes conditions.
Si tous les créanciers de l’Argentine se mettaient à réclamer leur dû, le pays aura à payer un montant pharaonique, alors que le pays ne dispose plus que de 30 milliards de dollars, l’équivalent de près de 25 milliards d’euros de réserves de change.
Hier soir, l’Argentine devait payer les créanciers restructurés, mais a demandé à pouvoir reporter l’échéance à janvier 2015 où la clause "Rufo" aura expiré. Si les "fonds vautours" se disent ouverts aux négociations, le gouvernement reste réfractaire. L’année dernière, l’Argentine a connu une inflation de 25 à 30% qui se poursuit en 2014.
Le gouvernement argentin prépare déjà la population à l’annonce d’une faillite afin de faire perdre aux "fonds vautours" leur moyen de pression.