Le prix des carburants en Zimbabwe a doublé après l’annonce samedi soir du président Emmerson Mnangagwa. Cette mesure a été prise pour tenter de freiner sa plus grave pénurie de pétrole dans le pays depuis 10 ans.
Harare, la capitale du Zimbabwe et la ville de Bulawayo, dans le sud du pays ont été le théâtre de manifestations lundi. La population est descendue dans la rue pour protester le doublement des prix des carburants. Samedi soir, président zimbabwéen Emmerson Mnangagwa a fait part de sa décision. "A partir de minuit [samedi], le prix du diesel à la pompe est fixé à 3,11 dollars américains le litre et celui de l’essence à 3,31 dollars", a-t-il annoncé à la télévision nationale, propos relayés par Le Monde. Avant cette hausse, le litre d’essence était de 1,24 dollar contre 1,36 dollar pour le diesel. Cette mesure a pour objectif de remédier à "la pénurie persistante de carburant due à la hausse de la consommation dans l’économie et aux activités illégales liées aux taux de change et au commerce [de pétrole]", a-t-il expliqué.
De vives protestations ont éclaté dans tout le Zimbabwe. Plusieurs quartiers de Harare étaient d’ailleurs bloqués par des barricades, rapportent des témoins. Dans la foulée, une grève de trois jours était appelée par la principale centrale syndicale du pays. "C’est très tendu depuis ce matin" dans le quartier de Epworth, a confié un de ses habitants, Nhamo Tembo sur le récit de France24. Selon ses explications, des gens en colère ont placé de grosses pierres sur les routes. "Nous voulons faire savoir à Mnangagwa que nous sommes mécontents de ses échecs", a expliqué Mthandazo Moyo, 22 ans, "Mugabe était mauvais, mais au moins il écoutait", a ajouté un habitant de Bulawayo.
Le règne autoritaire de Robert Mugabe pendant 37 ans a beaucoup impacté
l’économie du Zimbabwe. Son successeur Emmerson Mnangagwa s’est engagé à relancer l’économie, mais sans y parvenir jusque-là. Le manque criant en dollars américains constitue l’un des principaux problèmes. Face à cette agitation sociale, le gouvernement a dénoncé lundi un "plan délibéré visant à saper l’ordre constitutionnel" et assuré qu’il "répondra de façon appropriée (...) à ceux qui conspirent pour saboter la paix".